La finale Chercheurs-Entrepreneurs Challenge Grand Est 2018 dévoile ses lauréats
La région Grand Est a révélé le 7 juin les lauréats du concours Chercheurs-Entrepreneurs Challenge 2018 organisé par le CNRS, le groupe AEF et le Réseau national des collèges doctoraux. Regroupant les concours Docteurs-Entrepreneurs et Start-up Connexion, la compétition a pour vocation de stimuler et de soutenir la fibre entrepreneuriale des chercheurs.
C’est lors de la journée Génération start-up organisée par l’université de Strasbourg qu’a eu lieu la finale Chercheurs-Entrepreneurs 2018 Grand Est soutenue par ses partenaires régionaux, la région Grand Est, les universités de Strasbourg, Haute-Alsace, Lorraine et Reims Champagne-Ardenne, l'université de technologie de Troyes, l'Insa Strasbourg et le réseau des Satt.
Durant cette journée dédiée à l’innovation, les huit finalistes (six pour le concours Docteurs-Entrepreneurs et deux pour le concours Start-up connexion) ont pitché, en trois minutes, devant un jury d’experts en valorisation1 et le public (une centaine d’étudiants, d’universitaires, d’industriels et de professionnels de l’investissement), leurs projets innovants à vocation entrepreneuriale.
Pour cette première édition régionale en Grand Est, Sylviane Muller, directrice du Laboratoire d’immunologie et chimie thérapeutiques à l’Institut de biologie moléculaire et cellulaire (CNRS) de Strasbourg était la marraine. Médaillée d’argent et de l’innovation du CNRS, à l’origine de près de 30 brevets et de la création de deux entreprises, la chercheuse-entrepreneuse, qui pose en exemple le lien recherche-innovation, a présenté lors d’une Masterclass son expérience et a échangé avec le public.
Le concours Docteurs-Entrepreneurs, qui vise à encourager la fibre entrepreneuriale chez les doctorants et jeunes doctorants en récompensant leurs projets de création d’entreprises à partir de projet innovant, a primé trois lauréats durant la finale régionale.
Le premier prix de 4 000 € a été décerné à Vincent Marichez pour son projet Qfluidics issu du Laboratoire des systèmes complexes hors-équilibres de l’Institut de science et d’ingénierie supramoléculaires2 et cofondé avec Thomas Hermans, directeur de thèse de Vincent Marichez. Le jeune docteur en chimie de l’université de Strasbourg a imaginé une pompe micro-fluidiques inusable grâce à la stabilisation du tout premier tube liquide à partir de ferrofluide permettant d’obtenir ainsi un tube « sans paroi solide » se régénérant sous l’action d’un champ magnétique et déformable pour expulser les particules susceptibles de l’obstruer devenant ainsi indestructible et jamais bouché. « Ce concours est un exercice assez nouveau pour moi, rapporte le lauréat. En présentant le projet en trois minutes, il faut savoir faire ressortir les informations les plus capitales, mais également s’adresser à un public qui va au-delà de la communauté scientifique », explique Vincent Marichez. Pour le jeune docteur-entrepreneur, accompagné par la SATT Conectus et Semia, qui vient de recevoir sa première commande, le concours est l’occasion de « rencontrer d’autres candidats, d’obtenir plus de visibilité, mais aussi de valider le concept d’innovation. »
Un avis que partage le lauréat du 2e prix Docteurs-Entrepreneurs (2 000 €), Joan Goetz : « Le fait que la finale soit intégrée dans une journée Génération start-up permet une bonne visibilité, mais également de rencontrer et de discuter avec des personnalités du milieu. J’ai pu avoir plusieurs contacts avec des laboratoires de recherche de Strasbourg qui réfléchissent à monter une start-up », rajoute ce dernier. Docteur en chimie de l’université de Strasbourg à l‘Institut pluridisciplinaire Hubert Curien3 , il a développé le projet Poly-Dtech proposant de nouveaux nano-marqueurs ultra-luminescents afin d’améliorer le diagnostic précoce des pathologies et l’imagerie médicale. Son premier produit, NanoBright, un traceur ultra-brillant polyvalent, permet un diagnostic rapide, bon marché et surtout une détection multiple et précoce des maladies. À terme, les technologies Poly-Dtech pourrait permettre de cibler, détecter et traiter les maladies humaines ou d’améliorer le rendement des panneaux photovoltaïques.
Enfin Émilien Wilhelm, docteur en physique nucléaire de l’université de Strasbourg à l’Institut pluridisciplinaire Hubert Curien a décroché le 3e prix d’une valeur de 1 000 € pour son projet Mercure. Ce dernier propose de détecter la radioactivité efficacement avec du matériel léger et à un prix raisonnable grâce à une instrumentation miniaturisée embarquée sur un drone à la place d’avions ou d’hélicoptères. « Le concours m’a donné envie de lancer le projet. C’était une idée qui me trottait dans la tête depuis quelque temps et le fait qu’il y ait cette date limite pour le concours nous a mis le pied à l’étrier », note Émilien Wilhelm. La présentation de ce jeune projet Mercure devant un jury d’experts a permis à Émilien Wilhelm de mesurer l’intérêt de son innovation. « J’ai réalisé ma thèse dans ce domaine et donc je n’avais pas le recul. Le concours m’a permis de confronter le projet à un large public composé en partie d’investisseurs et de m’apercevoir que les gens ont accroché. C’était un très bon test qui nous a donné une vraie motivation supplémentaire. »
Aux côtés de Qfluidics, Ploy-Dtech et Mercure, trois autres projets étaient finalistes :
- D-PPBR, faire du bâtiment un organe vivant et bienfaiteur pour la planète. Alain Delfy, docteur en architecture et en urbanisme de l’Université de Strasbourg au Laboratoire Architecture, Morphologie Urbaine5 , propose un procédé pour valoriser les rejets en gaz carbonique et effluents urbains, sous forme d’oxygène et de nutriments grâce à des microstation pour la production de microalgues, sous forme de panneaux photobioréacteurs et d’un séparateur biomasse.
- BIM-IT, un scanner de bâtiment dernière génération. Djamel-Eddine Benarab, post-docorant en traitement d’image et de signal de l’Université de Lorraine au Centre de recherche en automatique de Nancy5 , a conçu un logiciel permettant d’automatiser la procédure de reconstruction 3D des bâtiments à partir de points laser, de gagner ainsi en précision et de réduire les temps de calcul et les coûts.
- Nerve Repair Graft, fibres polymères et imprimante 3D pour réparer les nerfs endommagés. Neda Shah-Hosseini, doctorante en Mécanique de l’Université de Haute-Alsace au Laboratoire de Physique et Mécanique Textiles de Mulhouse6 , propose de révolutionner la chirurgie grâce à la greffe d’un implant tubulaire dernière génération constitué de nanofibres biocompatibles/résorbables.
Start-up connexion, inscrit dans la continuité du concours Docteurs-Entrepreneurs, s’adresse aux chercheurs confirmés ayant déjà créé leur start-up, idéalement accompagnées par des structures de valorisation telles que les SATT et CNRS Innovation, et souhaitant développer et renforcer leur place sur le marché par la rencontre d’investisseurs et d’industriels prêts à les soutenir.
Mikaël Désécures, docteur en physique des plasmas de l’université de Lorraire (Institut Jean Lamour7 ), est le gagnant du 1er prix d’une valeur de 5 000 € décerné par la région Grand Est, mais également du prix coup de cœur du jury d’une valeur de 1 000 € décerné par le Cabinet Plasseraud, partenaire national de Chercheurs entrepreneurs challenge. Sa société APREX, qui a pour objectif prochain de recruter deux salariés afin de développer ses capacités, révèle les pépites des laboratoires en rendant accessible au secteur privé les méthodes d’analyses scientifiques les plus pointues issues des laboratoires de recherche. « Le fait de gagner un concours comme celui-là va apporter une grande visibilité à APREX et également un carnet d’adresse de potentiels investisseurs : le concours donne accès à un réseau. Il est important de gagner en visibilité pour intensifier l’activité économique de l’entreprise », mentionne le directeur général d’APREX.
Aux côtés d’APREX, ID-NEXT était aussi finaliste : Nabil Chakfé, Chef du Service de Chirurgie vasculaire et de transplantation rénale de l’hôpital civil de Strasbourg, présentait son système de stents endovasculaires connectables entre eux in-situ pour traiter les pathologies des bifurcations veineuses.
Mikaël Désécures, 1er prix du concours Start-up connexion et Vincent Marichez, 1er prix du concours Docteurs-entrepreneurs participeront à la grande finale nationale Chercheurs-entrepreneurs challenge le 22 novembre 2018 à Paris. « Nous sommes très fiers de ces premiers lauréats régionaux en Grand Est, curieux de découvrir les prochains projets et attendons avec impatience la finale nationale 2018. Un immense merci aux partenaires de Grand Est qui ont permis d’accompagner la réussite de cette première régionalisation », indique Jean-René Bailly, responsable du département Fivalor et membre de Plasseraud start-up.
- 1Le jury Chercheurs-Entrepreneurs Challenge 2018 en Grand Est : • Jean-Michel Halm, Directeur délégué, Technopole de l'Aube • Jérôme Plain, Directeur relations entreprises, Université de Technologie de Troyes • Pierre-Alain Muller, Vice-Président Innovation, Université de Haute-Alsace • Julien Barbier, Responsable Pepite, Université de Lorraine • Caroline Dreyer, Directrice Générale adjointe, Satt Conectus • Jean-René Bailly, Responsable du département Fivalor, Cabinet Plasseraud • Natacha Hauser Costa, Directrice de l'incubateur, Université de Lorraine • Jean-François Rax, Directeur, Cap Innov'Est • Alexandre Koressios, Membre du Directoire, Finovam
- 2Institut de science et d’ingénierie supramoléculaires (CNRS/Université de Strasbourg)
- 3Institut Hubert Curien (CNRS/Université de Strasbourg)
- 5 a b Laboratoire Architecture, Morphologie Urbaine (ENSAS - INSA Strasbourg)
- 6Laboratoire de Physique et Mécanique Textiles de Mulhouse (Université Haute Alsace)
- 7Institut Jean Lamour (CNRS/Université de Lorraine)