Finale internationale MT180 : Premier prix pour Yohann Thenaisie
Organisée par le CNRS et la Conférence des présidents d’université (CPU), la finale internationale de Ma thèse en 180 secondes s’est tenue le 30 septembre à Paris. C’est le représentant suisse, Yohann Thenaisie qui remporte le 1er Prix du jury.
« La vulgarisation scientifique est à l’origine de mon parcours. Si j’ai fait des études scientifiques, c’est parce que j’ai été nourri de kits à expérience scientifique étant enfant, de Sciences & Vie Junior et de vidéos YouTube de vulgarisation ! » Que de chemin parcouru pour Yohann Thenaisie, représentant de la Suisse au concours international Ma Thèse en 180 secondes 2021, qui s’est vu sacré 1er Prix du jury, aux côtés d’Aminata Sourang Mbaye Diouf, doctorante de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Sénégal) et Manhougbe Probus A. Farel Kiki, de l’Université d'Abomey Calavi (Bénin), respectivement 2e et 3e prix, ainsi que Prince Makay Bamba de l’Université de Kinshasa (République démocratique du Congo) pour le Prix du public.
24 nationalités, un record
C’est au Studio 104 de la Maison de la radio et de la musique, sur les bords des quais de Seine, que s’est déroulée cette 7e édition du concours international, également retransmise en direct sur YouTube. « Je fais énormément de théâtre, mais le Studio 104 c’est une première », ironise en souriant le doctorant en neurosciences de l’Université de Lausanne dont la thèse porte sur la maladie de Parkinson. Au total, 24 candidats internationaux1
se sont succédés durant plus de 2h sur scène devant Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, Antoine Petit, président-directeur général du CNRS, Manuel Tunon de Lara, président de la CPU, de nombreux présidents d’universités, journalistes et un parterre d’amis venus les soutenir.
« Je n’ai jamais vu autant de nationalités représentées en un même endroit, s’exclame Paul Dequidt, le représentant de la France au concours et expert en IA de la santé. Même pour une conférence scientifique, cela n’arrive pas. C’est énorme ! » Le concept de MT180 s’il doit être rappelé : présenter en trois minutes son sujet de thèse en termes simples à un auditoire profane. Le tout devant un jury, cette année composé notamment de l’astrophysicienne et médaille d’or du CNRS 2020, Françoise Combes, Michèle Boisvert, déléguée générale du Québec en France et représentante personnelle du Premier ministre pour la francophonie, ou encore Françoise Joly, directrice de l'information de TV5 Monde.2
Derrière les rideaux en coulisse, ça s’affaire dans tous les sens. Quand certains rentrent de scène la pression retombée, d’autres font les cent pas en attendant leur tour. « Comment ça s’est passé ?! », on demande à Bhujun Bhamini Sreekeessoon, la représente de l’Île Maurice. « Stressée bien sûr ! » dit-elle mais avec le sourire. « J’ai bafouillé et je me suis focalisé sur ma bafouille !, s’insurge en riant le candidat français. Mais quel plaisir d’être face au public. » Et en effet, pour la plupart des finales nationales, les doctorants présentaient sans public au cours d’un évènement retransmis par vidéo à cause de la pandémie de Covid-19. « La finale nationale, je l’ai faite devant un public très réduit. Il y a pas mal d’humour dans nos prestations et là j’ai pu entendre beaucoup plus de rires », apprécie le grand gagnant Yohann Thenaisie.
L’envie de partager
Pour Aminata Sourang Mbaye Diouf, le passage sur scène s’est fait avec « beaucoup d’enthousiasme ! L’envie de participer, l’envie de m’éclater ! ». Mais aussi, l’envie de partager et « de parler d’un sujet capital selon moi », rapporte la candidate du Sénégal dont la thèse porte sur ‘La transmission des entreprises familiales au Sénégal’. « Ces dernières sont nombreuses dans notre pays, mais malheureusement les gens ne peuvent les traduire en termes juridiques par manque de connaissances. » Pour la juriste au lexique « mal compris par la population », MT180 s’avère un bel « exercice de synthèse » pour partager son savoir.
Et pour tous les candidats, cette notion de transmission est primordiale et est l’une des motivations premières pour participer à MT180, un spectacle mais un outil de médiation scientifique avant tout.
« En tant que doctorante, c’est un devoir de présenter mes travaux de recherche pour que le public - qui paye pour ces recherches - soit au courant de ce qui se développe en laboratoire », explique Atma Adoungotchodo, la candidate québécoise dont le sujet de thèse porte sur la ‘Conception d’un hydrogel injectable bioactif pour la régénération du disque intervertébral’.
Le concours – qui s’inspire de Three minute thesis (3MT®) conçu à l’Université du Queensland en Australie – a été repris en 2012 au Québec par l’Association francophone pour le savoir (Acfas) et c’est elle par la suite qui l’a étendu à l’ensemble des pays francophones. MT180 est donc une véritable institution au Canada. « J’en entendais parler avant de participer, mais je ne savais pas que c’était aussi intense. Quand j’ai gagné la finale nationale au Québec, j’ai reçu énormément de messages de personnes qui voulaient savoir comment se passait ma thèse, les félicitations du Ministère de l’Éducation… ». L’édition 2022 de la finale internationale aura d’ailleurs lieu à Montréal au Canada.
« Faire briller la francophonie… et le doctorat »
Au fur et à mesure que la soirée avance, les candidats découvrent les prestations des uns et des autres. « Il y a beaucoup d’échange et de partage. C’est intéressant de voir ce que d’autres chercheurs francophones font comme sujet de thèse », souligne Bhujun Bhamini Sreekeessoon. « Je vois les présentations des autres que je n’ai pas pu voir avant et le niveau est extrêmement élevé, ajoute Paul Dequidt. Ce soir, c’est du plaisir ! On est tous les représentants nationaux donc c’est déjà gagné ! On espère que ça en profitera pour faire briller la francophonie. »
« Je crois infiniment en ce que vous faites, je crois infiniment en la médiation scientifique », a déclaré la ministre Frédérique Vidal lors de la cérémonie de clôture et remise de prix. « Ce soir vous avez fait rêver des gens qui ont compris exactement ce qu’il y avait comme travail derrière ces 180 secondes. Vous avez aussi fait rêver des gens qui n’auraient jamais pu imaginer comprendre ce qu’est un travail de recherche ». Cet exercice « indispensable » illustre « à quel point on a besoin de science et à quel point la science est présente dans toutes les activités de la société », a ajouté quant à lui Antoine Petit, rappelant un contexte difficile « où les fake news prennent trop d’importance ».
« Le monde académique est toujours à la fête lors de MT180 », concluait le président de la CPU Manuel Tunon de Lara. « Les universités accordent beaucoup d’importance au doctorat et quelle façon magnifique d’incarner le doctorat avec un talent incroyable et le talent de la francophonie. »
- 1Les 24 pays représentés : Belgique, Bénin, Bulgarie, Burkina Faso, Cameroun, Côte d’Ivoire, Consortium Europe centrale (Pologne, Autriche, Hongrie, Slovaquie), Égypte, France, Gabon, Haïti, île Maurice, Irlande, Liban, Madagascar, Mali, Maroc, Moldavie, Québec, République
- 2Le jury de la finale internationale MT180 2021 : Françoise Combes, Natacha Delrez, Michèle Boisvert, Rajaâ Cherkaoui, François Gremaud, Françoise Joly et Annick Suzor-Weiner.