Défis transverses

Le CNRS a identifié six grands défis transverses auxquels il a l’ambition d’apporter des contributions substantielles à moyen terme : le cerveau, les matériaux du futur, la vie dans l’Univers, l’instrumentation sans limites, l’IA générative pour les sciences, les sociétés en transitions.

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Comme pour les défis du COP 2019-2023, le CNRS entend mobiliser l’ensemble des disciplines de manière coordonnée afin de structurer les communautés scientifiques qui pourront apporter des contributions substantielles à ces sujets à moyen terme, environ 10 ans.

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Le cerveau 

Le cerveau est au cœur de nombreuses interrogations scientifiques : comment fonctionne-t-il pour produire pensées, souvenirs, émotions, apprentissages ou interactions sociales ? peut-il expliquer seul nos comportements ? comment inscrit-il l’espèce humaine dans l’évolution du vivant, et l’en singularise-t-il ? Les questions dépassent le domaine biologique : elles touchent à des enjeux sociétaux majeurs, comme la responsabilité pénale, la prise en compte de la neurodiversité dans l’éducation ou l’émergence de l’intelligence artificielle.

Les sciences contribuent à répondre à ces défis en mobilisant une approche pluridisciplinaire (neurosciences, biologie, sociologie, linguistique, science de l’éducation, physique, mathématiques, robotique, paléontologie, économie, etc.). Elles cherchent à modéliser les mécanismes complexes du cerveau animal et humain, à comprendre la variabilité entre individus, et à explorer l’influence des environnements physique et social tout au long de la vie. Ces travaux ouvrent la voie à des innovations médicales (médecine personnalisée et assistance à la personne, prothèses, interfaces cerveau-machine), éducatives (stratégies d’apprentissage adaptées) et technologiques (neurotechnologies et systèmes bio-inspirés).

Matériaux du futur

Les matériaux sont omniprésents dans notre quotidien et leurs domaines d’applications sont très larges et en lien avec les préoccupations contemporaines (chimie, transport, construction, électronique, métallurgie, etc.). Mais leur élaboration a longtemps négligé les contraintes environnementales et énergétiques. Face aux enjeux actuels de la transition énergétique et du développement durable, il devient nécessaire de développer des procédés plus économes en ressources, en énergie et en eau, et tendant vers des solutions recyclables.

La recherche sur les matériaux explore des innovations clés pour relever ces défis : batteries et supercondensateurs pour le stockage d'énergie, dispositifs photovoltaïques, matériaux pour éoliennes ou centrales nucléaires, catalyseurs pour transformer les petites molécules (CO2, NH3, H2…),, véhicules plus légers et résistants, et structures avancées pour l'électronique, la défense ou la santé. Les nouveaux matériaux (biosourcés, autoassemblés, ou métamatériaux) et les techniques de recyclage offrent des solutions prometteuses plus sobres, plus durables et respectueuses de l’environnement. De plus, l’intégration de l’intelligence artificielle révolutionne la conception des matériaux, permettant des avancées rapides mais nécessitant de repenser les approches scientifiques du domaine.

La vie dans l’Univers

La vie telle que nous la connaissons est, pour l’instant, restreinte à la planète Terre et les origines de cette vie restent un mystère. Pour répondre à cette question, il faut pouvoir décrire l’enchaînement des processus chimiques et physiques depuis la naissance de l’Univers qui a permis l’éclosion de cette vie : est-elle née dans les conditions extrêmes de l’espace ? quel a été le rôle des océans primitifs, de la géologie primordiale, de la radioactivité naturelle ? comment des molécules organiques complexes ont-elles pu devenir capables de s’auto-organiser et de s’amplifier ? Ces questions en induisent d’autres plus vastes encore : qu’est-ce que la vie et comment la définissons-nous, existe-t-elle ailleurs et d’autres formes de vie sont-elles possibles ? Si oui, quels sont les éléments à rechercher pour les trouver ? Et les conséquences des potentielles découvertes doivent être accompagnées : comment nos sociétés vont-elles intégrer ce nouveau savoir, voire la preuve que nous ne serions pas seuls ?

Grâce à de grands projets qui livreront leurs données et à nouveaux instruments au sol et dans l’espace, notre compréhension de l’histoire et de la physique de l’Univers et de ses constituants va faire un bond spectaculaire dans les années à venir, notamment concernant les planètes extrasolaires et les possibilités d’y trouver la vie, ou encore la nucléosynthèse. 

Instrumentation sans limites

Les technologies et les instruments à la pointe de l'innovation sont cruciaux pour une recherche scientifique de haut niveau. En retour, la recherche fondamentale fournit une mine d'idées novatrices qui pourraient radicalement transformer la manière dont nous concevrons, construirons et utiliserons des futurs instruments scientifiques. La prochaine décennie exploitera les nanotechnologies, les nouveaux matériaux, les capteurs quantiques et l'intelligence artificielle. Les instruments, capteurs et systèmes d’analyse seront miniaturisés, connectés, portables, automatisés, moins coûteux, plus efficaces, plus précis et plus durables. Ces avancées permettront des mesures distribuées, des expériences à haut débit et une collecte de données à grande échelle en temps réel. La réalité augmentée et virtuelle favorisera l’interaction immersive avec des données complexes, facilitant la compréhension et l'analyse des phénomènes scientifiques. L'intégration de l'IA optimisera l’analyse, les flux et le stockage des données, et permettra une automatisation efficace des processus expérimentaux. Les applications seront nombreuses dans des domaines tels que la médecine, l'environnement, les sciences de l’Univers, les technologies de l’information, la métrologie et la compréhension des changements environnementaux à l'échelle globale, le développement de nouveaux matériaux, la compréhension des mécanismes réactionnels, etc. 

IA générative pour les sciences

L'émergence de grands modèles de langage a bouleversé le domaine de l'intelligence artificielle (IA). Aujourd’hui capable de classification, prédiction ou génération au-delà du langage, l’IA est à même de transformer la recherche et d’accélérer les découvertes dans tous les domaines scientifiques où des données massives, multimodales et/ou hétérogènes sont disponibles. Cela concerne tout le spectre couvert par CNRS : en témoigne leur utilisation récente pour concevoir de nouvelles protéines, matériaux ou médicaments, des modèles climatiques, des réseaux de neurones artificiels et biologiques, etc. Ces modèles soulèvent des défis économiques, sociologiques et philosophiques.

Pour exploiter leur potentiel, l’interdisciplinarité est cruciale. Il est essentiel de créer des architectures mutualisées tout en adaptant les modèles aux spécificités des disciplines, de standardiser les méthodologies pour préparer et structurer les données, et de développer et maintenir des plateformes de calcul à haute performance. En amont, il faut comprendre les fondements des capacités des réseaux de neurones et leurs limites pour rendre les résultats robustes et éthiques, et concevoir de nouveaux modèles plus frugaux. Seul organisme à couvrir l'ensemble des sciences concernés, le CNRS pourra être le catalyseur de cette nouvelle manière de faire de la science qui nécessite de nouvelles compétences, en s’appuyant notamment sur son centre AISSAI.

Sociétés en transitions

De nombreuses sociétés se perçoivent et se décrivent aujourd’hui comme en transition : on parle d’entrée dans l’Anthropocène, de franchissement des « limites planétaires », du changement global, de transitions énergétique, écologique, démographique, numérique, épidémiologique, de mutations du monde du travail, de recompositions géopolitiques, de crise de la démocratie… Mais s’agit-il de transitions ou de simples évolutions ? Cette distinction soulève des questions méthodologiques majeures : qui peut affirmer qu’un groupe social est en transition, dans quelle position, avec quels outils et à quelle échelle temporelle ? Peut-on étudier une transition tout en y participant ? Quels indicateurs permettent de distinguer une transition durable d’un schéma récurrent ? Et comment éclairer au mieux la décision publique sur ces transitions, pour anticiper les événements extrêmes qui souvent les accompagnent ?

Étudier et analyser, par une pluralité d’approches scientifiques et disciplinaires, des transitions comme la sédentarisation, l'avènement de l'agriculture, l'invention de l'écriture, l'ère industrielle et urbaine, la transition démographique, l'avènement du numérique, voire de l'intelligence artificielle, permettra de mieux comprendre le phénomène et de construire un cadre théorique et des méthodologies adaptés. Puis de dépasser un second verrou : celui du transfert des fruits de cette recherche vers le monde extra académique.

Défis sociétaux 2019-2023

Les défis du COP 2019 - 2023 ont créé une réelle dynamique et permis de structurer les communautés dans chacun des six domaines retenus : le changement climatique, les inégalités éducatives, l’intelligence artificielle, la santé et l’environnement, les territoires du futur et la transition énergétique. Ces défis restent d’actualité et les actions lancées vont se poursuivre.

Climate change

  • The issue: Studying climate change and looking for solutions to limit it needs transdisciplinary research: from the climate sciences to ecology and the social sciences, involving all steps of observation and experimentation.
  • The contribution of science: Driving collaborative work involving different disciplines and teams means that quality research can be produced, at the interface of the topics addressed by the different CNRS Institutes.
  • The initiatives: Mapping the forces for research into climate change at every CNRS Institute to identify the most relevant issues to tackle through interdisciplinary work. Creating the interdisciplinary research network 'Theoretical Challenges for the Climate Sciences (in French)' and a unit to provide upstream information for public policy-makers in this area..

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Discover the Priority Research Programmes and Equipments (PEPRs) Exploratory documents sheets related to the challenge:

Educational inequality

  • The issue: Today's education system does not seem to be able to assert itself sufficiently as an instrument for promoting the life chances of all students. So how can this problem be dealt with?
  • The contribution of science: By combining the contributions of scientists working on differing themes, the aim is to identify the causes of individual and/or collective educational inequality, develop or validate tools for measuring inequality and innovations to rectify it and carry out a more global study of the challenges and objectives of modern education systems as regards educational inequalities.
  • The initiatives: An international symposium has been organised to pave the way for a future structured interdisciplinary field of research and an observatory to look specifically at educational issues is on the horizon.

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Discover related PEPR documents:

Artificial intelligence

  • The issue: Big data, complex algorithms, machine learning, automation and so on. How can we gain clarity on the challenge of the expansion of artificial intelligence in scientific practice?
  • The contribution of science and initiatives: The CNRS has launched its 'AI for Science, Science for AI' (AISSAI) centre, which has the primary goal of structuring and coordinating horizontal initiatives that involve all the disciplines of the CNRS that are at the interface with AI.

Find out more about the AISSAI center

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Health and the environment

  • The issue: As a number of outbreaks of zoonotic infectious diseases (HIV, Ebola, plague, COVID-19, etc.) have shown, interactions between environmental disruption, exploitation of ecosystems and human populations can result in global health risks.
  • The contribution of science: By adopting the One Health holistic, transdisciplinary and multisectorial approach, the CNRS is coordinating the biological, human, social, environmental, physical, mathematical and computer sciences to understand the links between human health, animal health and their ecosystems, thus supporting the public decision making process.
  • The initiatives: Developing interdisciplinary observatories in strategic locations, such as the Camargue, around the Seine or in Arizona, to study the relevant health issues and observe and document the emergence of situations of risk with input from CNRS expertise in the relevant disciplines.

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Territories of the future

  • The issue: The territories of the future are complex systems made up of a large number of interacting entities that need to be integrated to achieve the common goal of living together. These are places where technological, economic, sociological, political and ecological initiatives that need to co-exist can be implemented. The concept of territories of the future is an experimental field, in which many societal challenges interact.
  • The contribution of science: The CNRS has a rich store of reliable, plentiful and long-term data about all the regions in France and can bring together scientists and local stakeholders, particularly local authorities, to discuss local issues involving careful consumption, health, ecology and inequalities.
  • The initiatives: The territories of the future challenge has chosen Marseille as the pilot area to test an instrument from an associated laboratory of researchers and stakeholders that could potentially be reproduced in other regions.

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Energy transition

  • The issue: How can we address the societal challenge of energy transition in general and more specifically the shock of the energy crisis?
  • The contribution of science: The energy transition requires interdisciplinary and multidisciplinary approaches to meet the needs of the planet and societies. Work on the energy transition challenge greatly involves the Energy Unit of the CNRS, which encourages interactions between scientific and technological research into energy systems and promotes research into the impact of these technologies on the environment and on society in terms of lifestyle and societal and economic behaviour.
  • The initiatives: The energy transition challenge has set out three major ambitions, with an emphasis on the importance of human behaviours: resilience, flexibility and careful consumption. These will be integrated into technological and social forward planning. A seminar on the topic of energy and energy transition in 2023 aims to unify and structure an interdisciplinary community focused on energy.

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Photo credit : © Jean-Claude MOSCHETTI / Géosciences Rennes / CNRS Images