Le CNRS à l’affiche de l’Exposition universelle de Dubaï
À l'invitation du Pavillon France, le CNRS sera présent à l’Exposition universelle de Dubaï du 1er octobre 2021 au 31 mars 2022 pour y présenter une expérience immersive inédite : « Antarctique, un laboratoire du futur ».
Pour Antoine Petit, président-directeur général du CNRS « construire demain, c’est la vocation de la recherche fondamentale ». Quoi de plus normal donc pour le premier organisme de recherche européen de s’installer au cœur du Pavillon France à l’occasion de l’Exposition universelle de Dubaï qui s’ouvre le 1eroctobre. Avec comme thème « Connecter les esprits, Construire le futur », cette dernière accueillera durant six mois les pavillons de plus de 190 pays, un record.
Valoriser les innovations du futur
Initiées en 1851 à Londres et ayant lieu tous les cinq ans, les expositions universelles ont pour vocation l'éducation du public, la promotion du progrès et la coopération. « Une exposition universelle attire des dizaines de milliers de visiteurs. Elle représente un véritable enjeu en termes d’image internationale, mais également d’innovation. Elles ont toujours été l’occasion pour les mondes scientifique et académique de se rassembler », souligne Erik Linquier, Commissaire général pour la France à l’Exposition universelle de Dubaï et Président de la Compagnie Française des Expositions (Cofrex). Cette édition, portée par les Émirats arabes unis, permet à de nombreux pays émergents d’y assister - une vraie nouveauté. « Pour ces pays, les enjeux de ville intelligente et les objectifs de développement durable représentent de vraies solutions. Valoriser nos innovations de manière concrète pour avoir un véritable impact sur la vie future, voilà le véritable défi », ajoute-il.
Une grande première pour le CNRS
« C’est la première fois que le CNRS a la responsabilité d’un espace permanent sur une exposition universelle », souligne Alain Schuhl, directeur général délégué à la science au CNRS. « Il est très important pour nous de représenter la science française et de diffuser l’excellence de son savoir-faire à un public très international. »
En plus de l’exposition permanente consacrée à la notion de Progrès (voir encadré), les visiteurs pourront découvrir une exposition temporaire renouvelée tous les mois. « Nous proposerons également une série d’évènements et d’interventions qui donneront une vision française des objectifs de développement durable des Nations-Unis. La présence du CNRS en plus de sa contribution sur l’exposition permanente a permis de nourrir notre programmation évènementielle », indique Erik Linquier. Le CNRS sera en effet particulièrement présent lors de la Quinzaine du climat1 au travers de tables rondes, de masterclass et de conférences.
« Antarctique, un laboratoire du futur »
L’expérience « Antarctique, un laboratoire du futur » que le CNRS propose au Pavillon France veut restituer le territoire incroyable qu’est l’Antarctique. Il s’agit d’une scénographie totalement immersive au cœur des recherches de pointe menées en Antarctique et des enjeux de notre planète pour « éveiller les consciences en faveur d’une terre où se construit le futur de la planète », souligne Alain Schuhl. Il ajoute : « Le Pavillon France commence avec l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert. Cette thématique de l’antarctique, territoire de science et de paix, nous l’avons choisie aussi pour être en résonnance avec celle des Lumières du Pavillon. »
Alors que l’Antarctique est gouverné par plusieurs traités internationaux2 , seules les activités pacifiques dont celles scientifiques sont autorisées à y prendre place et ses ressources ne peuvent être exploitées. L’absence de présence humaine permanente fait de ce territoire un témoin unique de l’évolution de la planète et particulièrement de l’évolution de son climat.
Ce continent porte de véritables enjeux planétaires alors qu’il représente 70 % des réserves d’eau douce et que la fonte de ses glaciers – dû au réchauffement climatique - aura un impact considérable sur la montée du niveau de la mer. « On parle de ville comme le Havre, Bordeaux ou Nantes qui seront directement impactées », souligne Jérôme Chappellaz, glaciologue au CNRS et directeur de l'Institut polaire français Paul-Émile-Victor3 . Quel impact également sur l’Océan austral qui borde l’Antarctique et qui contribue à absorber 15 % des émissions de CO₂ planétaires ? « Ce sont des mécanismes naturels sur lesquels nous avons peu de contrôle et peu d’observations », ajoute-t-il.
White Mars
Depuis des décennies, le CNRS mène en Antarctique des projets de recherche interdisciplinaires dans de nombreux domaines, comme, par exemple, la biodiversité sous-marine. « A travers ces recherches, nous pouvons en apprendre plus sur les conditions nécessaires pour que la vie apparaisse sur une planète, mais aussi la question de survie durant les glaciations ou encore sur le fonctionnement de ces écosystèmes », rapporte Laurent Chauvaud, directeur de recherche au CNRS et conseiller scientifique de l’exposition du CNRS. L’Antarctique est également un lieu où l’on peut étudier les effets de l’isolement sur l’être humain en vue d’expéditions sur mars. « Un séjour à la station Concordia4 —ou l’on se trouve coupé du reste du monde pendant plusieurs mois—se rapproche le plus d’un voyage sur Mars. », ajoute Jérôme Chappellaz, rappelant que l’Antarctique est souvent surnommé « White Mars » ! Enfin, les carottes de glace, « comme témoins du passé climatique de la planète » permettent de reconstituer le climat des 800 000 dernières années. « L’objectif aujourd’hui est de trouver les plus vieilles glaces du continent et de remonter jusqu’à 1,5 millions d’années ». Un trésor de données pour mieux comprendre notre planète.
Une immersion sous la banquise à -2°C
C’est toute cette richesse et le caractère extraordinaire de ce continent que le CNRS a souhaité reproduire lors d’une expérience sensorielle, visuelle et auditive où le visiteur découvre le continent le plus froid, le plus venteux et l’un des plus arides de la planète.
La première immersion visuelle et sonore place le visiteur dans la peau d’un plongeur de l’extrême dans une eau à -2° sous la banquise pour entendre la vie foisonnante des fonds marins avec des sons enregistrés par les équipes du CNRS allant des craquements de la glace aux cris des mammifères marins.
Puis les visiteurs émergent à la surface, sur le blanc immaculé, minéral et quasiment sans vie de la banquise. Ils y rencontreront de manchots, des oiseaux et les scientifiques occupés dans leurs installations de pointes adaptées à ce climat de l’extrême des stations de recherche de Dumont d’Urville en Terre Adélie ou de Concordia. « Les scientifiques qui vivent dans ces stations de recherche sont totalement isolés du monde. Les conditions de vie y sont très peu favorables. A Concordia, en été, les températures avoisinent les -25° et peuvent chuter jusqu’à -80°C l’hiver », s’exclame Jérôme Chappellaz.
Enfin, à la fin du parcours, les visiteurs sont amenés à découvrir les recherches menées sur ce « white mars » : suivi des manchots empereurs, déplacement de la glace, extraction des carottes glaciaires, lâchers de ballons sondes météorologiques ou encore observations astronomiques.
« L’Antarctique est un environnement qui perturbe. On prend de plein fouet le caractère éphémère de l’existence humaine. On est face à un sentiment d’intensité et d’éternel, et face à la beauté du vivant qui a su s’adapter à un tel environnement », s’émerveille Jérôme Chappellaz.
« L’avenir de notre planète se joue en Antarctique »
Mais à travers cette expérience immersive, le CNRS a souhaité aussi mettre en garde et alerter sur les défis immenses des régions polaires, impactées et fragilisées par l’activité humaine plus directement que dans le reste du monde : de la fonte des glaces, à la montée du niveau de la mer, en passant par le déclin de la biodiversité aquatique et terrestre, les effets du réchauffement y sont de plus en plus visibles. « Les pôles ne sont plus seulement les témoins lointains du réchauffement climatique : ils sont également des indicateurs de l’équilibre planétaire entre climat, océans, ressources et biodiversité », conclut Antoine Petit. « L’avenir de notre planète se joue sans doute en Antarctique, et c’est le message que l’on souhaite transmettre durant l’exposition universelle de Dubaï. »
Une version itinérante du parcours pourrait être adaptée puis proposée en France.
En attendant, une exposition virtuelle du Pavillon France sera accessible dès le 1er octobre.
- 1Du 4 au 17 février 2022, le Pavillon France consacrera sa programmation événementielle au Climat.
- 2Traité sur l’Antarctique (1059), Protocole de Madrid (1991).
- 3L’Institut polaire français Paul-Émile-Victor est en charge de la mise en œuvre de la recherche française dans les régions polaires.
- 4Concordia est une station de recherche polaire franco-italienne implantée en Antarctique, labellisée IR* par le ministère de la recherche.
Le Pavillon France
Le Pavillon France - au slogan ‘L’inspiration à la vitesse de la lumière’- a été imaginé en lien avec les objectifs de développement durables (ODD) des Nations-Unis, alors que le pavillon lui-même a été construit de façon durable. D’une surface de 5 000 m², il produit notamment 70 % de son énergie, et sera à la fin de l’exposition universelle démonté puis remonté sur le campus du CNES à Toulouse.
L’exposition permanente au cœur du Pavillon, consacrée à la notion de Progrès, propose aux visiteurs trois espaces scénographiés mettant chacun en scène une vision du progrès. Ces visions font échos à la thématique du Pavillon, ‘Lumière, Lumières’, à celle de son aile géographique, ‘Mobilité’, avec ENGIE x Région Île-de-France, le CNES, Renault Group, Accor et FLYING WHALES1 , et au thème général de l’Exposition universelle ‘Connecter les esprits, construire le futur’, avec le CNRS, le CRI2 et Art Explora3 .
- 1Start-up spécialisée dans la construction et l'exploitation de ballons dirigeables à structure rigide.
- 2Centre de recherches interdisciplinaires : centre de recherche français rattaché à l'université de Paris, avec pour orientation principale les sciences du vivant, les recherches en éducation et les technologies numériques.
- 3Fondation pour la promotion de l’art et de la culture notamment à travers les technologies numériques.