Présentation d’un prototype par un porteur de projet RISE au salon Vivatech en présence de la ministre Frédérique Vidal et de Jean-Luc Moullet, DGDI du CNRS. © RISE

RISE : 18 mois d’accompagnement à la loupe

Innovation

Le programme d’accompagnement de start-up de CNRS Innovation a évalué son efficacité sur les trois premières promotions de start-up qu’il a soutenues. Les inscriptions pour la quatrième promotion sont ouvertes.

42 projets de start-up accompagnés en 18 mois, avec un objectif : accélérer le déploiement des innovations de rupture développées dans les laboratoires du CNRS pour résoudre les défis environnementaux, industriels et sociétaux les plus complexes. Avant l’arrivée de sa quatrième promotion, le programme RISE de la filiale nationale de valorisation du CNRS, CNRS Innovation, fait son premier bilan.

Présentation d’un prototype par un porteur de projet RISE au salon Vivatech en présence de la ministre Frédérique Vidal et de Jean-Luc Moullet, DGDI du CNRS.
Présentation d’un prototype par un porteur de projet RISE au salon Vivatech en présence de la ministre Frédérique Vidal et de Jean-Luc Moullet, DGDI du CNRS. © RISE

Avec deux promotions par an, RISE accompagne les scientifiques dans leur projet de start-up deeptech1 valorisant les travaux du CNRS, dans tous les domaines, en France et à l’international. Financement, formations, business plan, études de marché, conception d’équipe, moyens légaux, communication… Toutes les étapes de la création d’une entreprise sont couvertes par le programme, qui vient renforcer l’investissement du CNRS dans la valorisation des travaux des laboratoires : 1500 start-up ont ainsi été créées depuis 1970, avec une centaine de création par an aujourd’hui.

« Notre travail consiste à favoriser trois adéquations, détaille Thomas Ribeiro, responsable du Programme start-up au sein du Département start-up de CNRS Innovation. L’équipe doit être légitime pour porter le projet, en rassemblant toutes les compétences nécessaires. Le produit doit répondre à un besoin du marché. Et le projet doit obtenir les moyens financiers pour satisfaire ses ambitions. »

Formations et partenariats

Côté équipe, 40 % des projets étaient à la recherche d’un ou une CEO à l’entrée dans le programme. L’implication des scientifiques est aussi une part importante de la philosophie RISE : après 18 mois, 84 % des projets soutenus impliquent au moins un chercheur ou une chercheuse qui y investit 10 à 50 % de son temps et peut prendre des parts dans la start-up créée. « Le modèle commence à faire ses preuves », analyse Jules Meunier, directeur du Département start-up.

Bilan chiffré RISE 2020

RISE propose aussi des formations aux porteurs et porteuses de projet qui le souhaitent. Ils ont ainsi accès à une sorte de masterclass sur l'entrepreneuriat, le programme « Deeptech Founders »nHT , qui leur permet d’échanger avec des scientifiques entrepreneurs. 43 % des projets ont bénéficié de cette formation, dont 25 scientifiques issus de 12 projets, grâce à CNRS Innovation qui a budgétisé pour cela 250 000 euros de dépenses.

Le programme apporte également son aide en négociant des partenariats et avec un accompagnement par des mentors, scientifiques ayant réussi la conversion vers l’entrepreneuriat. CNRS Innovation est ainsi devenue correspondant French Tech pour un accès privilégié à ce réseau et cet écosystème français. De la même manière, l’écosystème Lallianse apporte son expertise aux projets en santé sur toutes les étapes de réglementation. Pour « muscler » le mentorat et recruter plus de mentors afin d’offrir des relations plus personnalisées, un appel à manifestation d’intérêt vient d’être lancé.

Connaître son marché

« La valeur ajoutée de CNRS Innovation est l’accompagnement opérationnel dans le positionnement de la technologie dans le marché, via l’identification des axes de création de valeur et de la concurrence. », précise Thomas Ribeiro. Cela se traduit par des études de marché, des interviews d’acteurs, etc. afin que le projet dispose d’hypothèses valides pour se lancer : 37 études ont ainsi été réalisées, dont 40 % de cartographies brevets.

Mais RISE forme surtout les nouveaux entrepreneurs à réaliser eux-mêmes ce type d’études pour maintenir un projet viable sur le long terme ou identifier de nouvelles opportunités. « Les projets souhaitent avoir accès à 70 % des prestations que nous proposons en moyenne, ce qui prouve la pertinence du programme RISE. », ajoute Jules Meunier.

Sur la question du financement, parmi les 42 projets accompagnés par RISE à ce jour, 10 sont issus d’une bourse ERC2 , quatre ont bénéficié d’un financement ERC « Proof of concept », un tiers d’une enveloppe de prématuration et un quart d’une maturation, le cumul de plusieurs dispositifs étant possible.

Salle bondée écoutant Antoine Petit présenter RISE
Le P.-D.G. du CNRS, Antoine Petit, inaugure le programme d’accompagnement RISE début 2019. © RISE

Et les résultats sont là. 93 % des projets ont déposé une déclaration d’invention, 73 % des projets valorisent un brevet, un quart valorisent autre chose (logiciels, savoir-faire, etc.). Les projets obtiennent des prix prestigieux : six ont été lauréats du concours national d’innovation i-Lab, dont un grand prix, quatre autres du concours i-PhD réservé aux jeunes docteurs, et six ont été labellisés par le fonds d’investissement French Tech Seed3 . Enfin, 24 licences ont été signées ou sont en cours de signature, et 19 start-up ont été immatriculées (à 45 % en Île-de-France). Onze de ces start-up ont levé des fonds, à hauteur de 6,5 millions d’euros, un montant qui devrait augmenter au fur et à mesure de la maturation des projets soutenus, et CNRS Innovation a pris des parts dans ⅔ d’entre elles.

« Avant de rencontrer l’équipe, j'avais quelques doutes sur la pertinence d'un tel programme. », avoue Antoine Comby du projet Chiral Track qui développe un outil à destination des compagnies pharmaceutiques pour simplifier et accélérer les mesures de pureté de médicaments. « Venant du milieu académique, j’avais l’impression que le monde économique était fait de grandes phrases vides. Mais ces doutes ont rapidement été levés : l’équipe nous a fourni une feuille de route bien définie, elle a apporté son réseau et ses compétences indispensables, notamment pour une étude de marché préliminaire, et elle nous a bien accompagné pour obtenir une bourse ERC "Proof of concept". RISE permet une bonne transition du laboratoire à la start-up. »

Un acteur dans l’écosystème français

« Notre objectif est que chaque projet puisse se lancer dans les meilleures conditions. », résume Jules Meunier qui note que la moitié des projets ont besoin d’un accompagnement de plus d’un an. Une personnalisation du parcours fortement appréciée des porteurs et porteuses. Et cela implique aussi que certaines tentatives n’aboutissent pas : 10 % des accompagnements sont stoppés à 6 ou 12 mois. « Grâce à l'accompagnement RISE, la non-viabilité de la start-up a été clairement établie, ce dont nous n'étions pas certains au départ. C'est donc positif car cet accompagnement nous a permis de répondre à toutes les questions sur l'on se posait initialement. », relate Marine Ferrandes, CEO du projet Venus qui voulait valoriser une technologie d’hydrogel innovant : « Quelle que soit l'issue, on en sort enrichi. »

En moins de deux ans, RISE a aussi su trouver sa place dans l’écosystème français : 43 % des start-up sont co-accompagnées par des SATT4  de toutes les régions, et plus de la moitié des projets rejoignent un incubateur ou accélérateur partenaires, soit en cours d’accompagnement RISE, soit (le plus souvent) en fin de programme, pour prendre le relai sur l’amorçage de la start-up. Le programme entend ainsi se définir comme un « jalon dans le continuum d’accompagnement », aidant à structurer un projet et à le rendre assez mature pour intégrer un incubateur.

Il poursuit donc son action, notamment dans le cadre de l’appel à projet « SATT – Incubateurs – Accélérateurs » qui a labellisé le consortium Fast, porté par CNRS Innovation, TechnoFounders et Deeptech Founders, en janvier 2020. Ce consortium se traduit par la mise en place d’un « start-up studio », opéré en partenariat avec TechnoFounders, particulièrement destiné aux projets en phase amont qui n'intègrent pas encore d'équipe opérationnelle et qui demandent un financement d’amorçage et un temps de développement importants. Via RISE+, un entrepreneur en résidence peut aussi être mis à disposition des scientifiques pendant trois à six mois pour affiner le positionnement de la technologie.

Ces nouveaux outils devraient permettre au CNRS d’atteindre l’objectif ambitieux de 150 start-up créées par an, dont 50 à fort potentiel de croissance fixé dans le Contrat d’objectifs et de performance du CNRS. En tout cas, 100 % des porteurs et porteuses de projet soutenu par RISE recommandent leur expérience. Scientifiques, entrepreneurs, entrepreneuses : les candidatures sont ouvertes pour la quatrième promotion.

  • 1Proposant des innovations de rupture basées sur des avancées scientifiques et technologiques.
  • nHTCréé par certains membres fondateurs de l'organisation Hello Tomorrow, en partenariat avec Bpifrance.
  • 2Bourses « starting », « advanced » ou « consolidator » du Conseil européen de la recherche (European research council)
  • 3Doté de 400 M€ issus du Programme d'investissement d'avenir et lancé le 18 juillet 2018, ce fonds a vocation à soutenir les start-up technologiques en phase de post-maturation, et notamment des start-up de la deep tech de moins de 3 ans.
  • 4Les 13 Sociétés d’accélération du transfert de technologies (SATT) valorisent les résultats de recherche de 160 établissements de recherche publique français. Le CNRS participe à 12 de ces SATT.

Un accompagnement complet à la valorisation

En amont du programme RISE, le CNRS propose d’autres outils à destination des scientifiques, dans toutes les thématiques, afin de mettre en œuvre un continuum de financement, du résultat de recherche à la mise sur le marché, que celle-ci se réalise par la création de start-up ou par le transfert à une entreprise existante.

La prématuration au CNRS

Avec une enveloppe de 7,3 millions d’euros pour 2020, destinée à soutenir jusqu’à 70 projets, le CNRS accompagne le démarrage de projets de valorisation au stade de la preuve de concept (TRLenc1  1 ou 2). Objectif : les faire avancer jusqu’à une possible entrée en maturation auprès de SATT (TRL 3 ou 4) ou jusqu’à un transfert. Ces projets risqués, très amont, doivent être issus de laboratoires dont une tutelle est le CNRS et pourront bénéficier d’un financement de 100 à 150 000 euros sur 18 mois.

L’accompagnement pour une bourse ERC « Proof of concept »

Le CNRS est l’organisme européen obtenant le plus de lauréats aux bourses ERC. Les chercheurs et chercheuses CNRS lauréats d’une bourse ERC (en cours ou terminée depuis moins d’un an) peuvent postuler à une bourse ERC « Proof of concept » (PoC) afin de porter une opportunité de valorisation de leurs recherches fondamentales soutenues par la précédente bourse. CNRS Innovation peut alors devenir partenaire du projet afin de réaliser des travaux portant sur la concrétisation du projet de valorisation. Une fois la bourse obtenue, ce partenariat permet au scientifique de concentrer son action sur les verrous technologiques pendant que l’équipe de CNRS Innovation évalue le marché dans plusieurs secteurs, positionne la technologie par rapport à la concurrence, travaille sur l’adéquation entre les applications envisagées et les demandes des utilisateurs finaux, et démarche des partenaires économiques.
Sur 5 projets déposés en 2020, trois bourses ont été obtenues, soit un taux de succès supérieur au taux national. Le prochain appel PoC se termine le 17 septembre 2020.

Votre contact : Camille Foussal - Directrice Pôle Projets chez CNRS Innovation
Camille.Foussal@cnrsinnovation.fr - 01 40 51 98 57

  • enc1Niveau de maturité technologique (en anglais « technology readiness level »).