L’infrastructure de recherche eLTER rejoint la feuille de route de l’European Strategy Forum on Research Infrastructures
L’infrastructure de recherche eLTER, dédiée à l’étude des écosystèmes, fait partie des priorités dévoilées le 11 septembre à Vienne par l’European Strategy Forum on Research Infrastructures (ESFRI). Une inscription qui réaffirme l’importance d’eLTER au sein de la recherche européenne.
ESFRI, établie en 2002 à la demande du Conseil européen, a donc dévoilé le nom des infrastructures de recherche européenne identifiées comme prioritaires pour sa feuille de route 2018. Parmi ces dernières se trouve le European Long-Term Ecosystem Research infrastructure (eLTER), porté notamment par les dispositifs de recherche sur les socio-écosystèmes des Zones ateliers de l’Institut écologie et environnement (INEE) et les observatoires de la zone critique de l’Institut national des sciences de l’univers (INSU) du CNRS.
A la fois réseau, infrastructure et programme, eLTER regroupe différents sites instrumentés au sein de pays européens, développant des observations à long terme sur les différents compartiments et composants physico-chimique, biologique et humains des écosystèmes au sens large.
« eLTER est composé d’observatoires développés par les communautés en écologie auxquels s’ajoutent des observatoires d’autres disciplines comme les sciences de la Terre, ainsi que les «Long-term socio-ecological research » (LTSR) qui prennent en compte la société dans leurs observations », explique Jérôme Gaillardet, directeur de l’Observatoire de la zone critique (OZCAR) qui compose notamment eLTER France.
L’objectif de cette association de disciplines est de donner naissance à des observatoires implantés localement afin de surveiller, comprendre et modéliser la mutation actuelle des territoires en réponse au changement climatique et aux pressions générées par les activités humaines.
« Il s’agit de développer une stratégie de recherche fondamentale en lien avec les préoccupations sociétales liées aux territoires », résume Dominique Joly, directrice adjointe scientifique à l’INEE.
Les deux piliers d’eLTER France
eLTER France, composante d’eLTER, comprend deux infrastructures de recherche labellisées sur la feuille de route nationale : Ozcar, dédiée aux Observatoires de la pellicule la plus superficielle de la Terre, gérés par l’INSU et RZA (Réseau des zones ateliers), plateformes de recherche interdisciplinaire en environnement relevant de l’INEE.
« Ozcar est la réunion d’un ensemble de réseaux d’observatoires à long-terme sur les différents compartiments physico-chimique (eau, sol, air) et biologique de la mince pellicule à la surface de la Terre sur laquelle vit l’humanité », rapporte le directeur d’Ozcar.
Ozcar a pour objectif de comprendre la structure et le fonctionnement systémique des différents compartiments que sont l’eau, les sols, les gaz, la vie et comment ces agents sont connectés. Avec pour but ultime de développer des modèles prédictifs.
Le second pilier représenté par le RZA a comme objectif de mener des recherches pluridisciplinaires à long terme centrées sur une unité fonctionnelle d’un territoire comme un bassin versant ou un paysage agricole pour étudier les interactions Nature-Société.
« Il existe 14 Zones ateliers au niveau national, dont certaines outre-mer. Les Zones ateliers ont pour objet d’étudier les trois compartiments principaux d’un écosystème : le compartiment biotique, le compartiment physico-chimique et le compartiment sociétal, en relation avec les variations environnementales (climatiques, anthropiques, économiques etc). Elles permettent de mettre en perspective le fonctionnement et la dynamique de l’ensemble de ces compartiments, et surtout de leurs interactions, pour aider à la gestion et à la gouvernance adaptative de ces socio-écosystèmes », note Dominique Joly.
De la Zone atelier Seine à la Zone atelier Alpes en passant par la Zone atelier Brest-Iroise, le RZA étudie les milieux naturels et les systèmes sociaux tels que les grands fleuves, les paysages selon un gradient climatique ou encore les interfaces Terre-Mer. Incontournables au sein d’eLTER, les Zones Ateliers développées par l’INEE représentent la moitié des plateformes de recherche sur les socio-écosystèmes au niveau européen.
« Nos deux piliers nationaux que sont Ozcar et le RZA contribuent tous deux de façon importante à l’infrastructure européenne eLTER à la fois par la qualité et par la diversité de leurs réseaux scientifiques et de leurs observatoires », rapporte la directrice adjointe scientifique.
Autre bénéfice de cette association : certains observatoires d’Ozcar recoupent le périmètre des Zones ateliers, ce qui permet à leurs recherches respectives de se nourrir l’une et l’autre. Avec pour objectif d’augmenter la visibilité de la communauté française au niveau européen, l’inscription à la feuille de route de l’ESFRI devrait permettre de renforcer une synergie de recherche couvrant l’ensemble des gradients climatiques et anthropiques européens, de permettre plus d’interaction entre la communauté des sciences de la Terre et la communauté socio-écologique et cela, au service des territoires, lieu de vie des sociétés.
ESFRI
L’ESFRI se pose comme un instrument stratégique pour développer l'intégration scientifique de l'Europe et renforcer son rayonnement international à travers le développement coordonné des grandes infrastructures de recherche. En intégrant la feuille de route de l’ESFRI, eLTER va donc gagner en visibilité et intégrer une communauté partageant des problématiques communes et mettant en œuvre des considérations, des observations et des questionnements partagés.
« Les défis environnementaux sont énormes, l’inscription à la feuille de route ESFRI nous permettra d’être plus audibles. Au niveau européen, nous pourrons décliner une infrastructure de recherche qui sera visible et obtenir plus de financements européens. Nous devons faire plus que ce qui a été fait jusqu’à présent ! », rapporte Jérôme Gaillardet.
« L’intérêt d’être sur une infrastructure européenne de ce type est de développer des recherches les plus intégratives possible, de partager des méthodes et approches innovantes pour que chacun puisse alimenter le collectif afin d’élaborer des stratégies de gestion des territoires les plus durables possibles », conclut Dominique Joly.
Laurence Stenvot