Neandertal, tisseur de cordes
Contrairement aux idées reçues, Neandertal n’était pas moins avancé technologiquement qu’Homo sapiens. Une équipe internationale incluant des chercheurs du CNRS a pour la première fois mis au jour, sur un éclat de silex du site préhistorique de l’Abri du Maras situé dans le sud de la France1 , des résidus de cordages vieux de plus de 40 000 ans2 . Une analyse par microscopie a permis de montrer que ces résidus étaient twistés, preuve de leur modification par une activité humaine. L’examen des photographies a révélé trois faisceaux de fibres torsadées, pliés ensemble pour former des cordons. De plus, une analyse par spectroscopie a révélé que ces cordages étaient constitués de cellulose, provenant probablement de conifères. Cette découverte souligne des capacités cognitives inattendues de la part de Neandertal, qui avait non seulement une bonne compréhension des mathématiques, nécessaires à l’enroulage des fibres, mais aussi une connaissance approfondie de la croissance des arbres. Ces résultats, publiés le 9 avril 2020 dans Scientific Reports, représentent la plus ancienne preuve de technologie textile connue à ce jour.
Les laboratoires suivants ont contribué à ces travaux : Histoire naturelle de l’Homme préhistorique (CNRS/Muséum national d’Histoire naturelle/Université de Perpignan Via Domitia), De la molécule aux nano-objets : réactivité, interactions et spectroscopies (CNRS/Sorbonne Université), et le Centre de recherche et de restauration des musées de France (ministère de la Culture).
Les fouilles à l’Abri du Maras ont notamment bénéficié d’un financement du ministère de la Culture et du Service régional de l'archéologie Auvergne-Rhône-Alpes.
Direct evidence of Neanderthal fibre technology and its cognitive and behavioral implications, B. L. Hardy, M.-H. Moncel, C. Kerfant, M. Lebon, L. Bellot-Gurlet & N. Mélard. Scientific Reports, 9 avril 2020. https://doi.org/10.1038/s41598-020-61839-w