Neandertal, pionnier de l’exploitation des ressources marines

Archéologie

Néandertaliens, coquillages et crustacés… La scène pourrait surprendre tant l’image d’un peuple du froid, chasseur de grands herbivores, colle à la peau de la lignée Homo neanderthalensis. Une équipe de recherche internationale impliquant trois laboratoires du CNRS et de ses partenaires1 vient pourtant de mettre en évidence que les Néandertaliens chassaient, pêchaient et ramassaient des ressources alimentaires d’origine marine en grande quantité. Les scientifiques ont ainsi découvert des restes de mollusques, de crustacés, de poissons, d’oiseaux et de mammifères marins dans une grotte portugaise ayant servi d’abri aux Néandertaliens entre 106 000 et 86 000 ans avant notre ère. La diversité des ressources retrouvées à Figueira Brava est même supérieure à celle observée sur certains sites portugais beaucoup plus récents, datés entre 9 000 et 7 500 ans. Les résultats de ces travaux publiés dans la revue Science le 27 mars 2020 suggèrent que de nombreux groupes Néandertaliens ont pu partager ce mode de vie au climat méditerranéen, loin de la traque au mammouth à travers les steppes gelées.

Ressources marines de Figueira Brava : A. patelles, B. palourdes, C. tourteaux, D. vertèbre de dauphin, E. vertèbre de requin
© A-C M. Nabais, D Antunes et al. 2000, E. J. P. Ruas

 

  • 1Ont participé à ces travaux des chercheurs et chercheuses du Centre de recherche en archéologie, archéosciences, Histoire (CNRS/Université de Rennes), du laboratoire De la préhistoire à l'actuel : culture, environnement et anthropologie (CNRS/Université de Bordeaux/Ministère de la Culture) et du laboratoire Travaux de recherches archéologiques sur les cultures, les espaces et les sociétés (CNRS/Université de Toulouse Jean Jaurès/Ministère de la Culture)
Bibliographie

Last Interglacial Iberian Neandertals as Fisher-Hunter-Gatherers. J. Zilhão, D. E. Angelucci, M. Araújo Igreja, L. J. Arnold, E. Badal, P. Callapez, J. L. Cardoso, F. d’Errico, J. Daura, M. Demuro, M. Deschamps, C. Dupont, S. Gabriel, D. L. Hoffmann, P. Legoinha, H. Matias, A. M. Monge Soares, M. Nabais, P. Portela, A. Queffelec, F. Rodrigues et P. Souto. Science, le 27 mars 2020. DOI : 10.1126/science.aaz7943

Contact

Francesco d'Errico
Chercheur CNRS
Catherine Dupont
Chercheuse en archéozoologie des invertébrés marins
Alain Queffelec
Ingénieur de recherche CNRS
François Maginiot
Attaché de presse CNRS