La première carte européenne de l’effet isolant des forêts

Environnement

Pour se rafraîchir l’été, rien de mieux qu‘une balade en forêt. En effet, les arbres offrent un effet tampon permettant de rafraîchir l’air l’été et de limiter le refroidissement sous leur feuillage l’hiver. Ce phénomène provient de la couverture offerte par la canopée forestière, mais aussi de la transpiration des arbres en été. Ces derniers absorbent l’eau plus froide du sol qui remonte jusqu’aux feuilles pour finir dans l’atmosphère, permettant ainsi de refroidir l’air ambiant. L’effet isolant des forêts a été cartographié pour la première fois au niveau européen par une équipe de recherche internationale, comprenant un chercheur du CNRS1 , qui détaille ses travaux le 4 octobre 2021 dans la revue Global Change Biology. Pour mettre au point cette carte, les scientifiques ont utilisé une base de données qui rassemble les données de différents capteurs de température du monde entier. Une fois les relevés de température corrélés à de l’imagerie très précise fournie par satellite, il a été possible de réaliser la carte des températures en forêt. Ce qui a permis d’observer l’effet isolant des arbres, pouvant rafraîchir l’air en moyenne de 2,1° C l’été et de maintenir une température supérieure à celle de l’air ambiant de 2° C l’hiver. Cet effet isolant offre donc un abri indéniable pour la faune et la flore vivant en forêt. Cependant, si les sécheresses, les activités humaines et les tempêtes continuent à s’intensifier à l’avenir, l’isolation offerte par les forêts pourrait être mise à mal, mettant ainsi en péril ces écosystèmes.

Pour en savoir plus sur la base de données utilisée par les scientifiques, nommée SoilTemp : https://soiltemp.weebly.com et https://onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/gcb.15123

Cartes comparant les températures moyennes annuelles de l’air et sous couvert forestier.
A gauche : les températures moyennes annuelles telles que prédites par la spatialisation des séries climatologiques de la période 1970-2000, issues des postes météos classiques.
© WorldClim, https://www.worldclim.org
A droite : les températures moyennes annuelles telles que ressenties sous le couvert forestier. Les zones en noir, à droite sur les cartes de l’Europe et de la France, correspondent aux zones non-forestières. La dernière fenêtre de zoom montre la spatialisation des températures sur l’ensemble de la forêt domaniale de Compiègne, dans l’Oise, qui couvre une surface de 14 357 ha (144 km2).
© Stef Haesen / Koenraad Van Meerbeek / WorldClim

 

  • 1Ont participé des chercheurs du laboratoire Ecologie et dynamique des systèmes anthropisés (CNRS/Université de Picardie Jules Verne). L’étude a été dirigée par l’Université KU Leuven en Belgique.
Bibliographie

ForestTemp – sub-canopy microclimate temperatures of European forests. Haesen et al. Global Change Biology, le 4 octobre 2021.  DOI : 10.1111/gcb.15892

Contact

Jonathan Lenoir
Chercheur CNRS
Elie Stecyna
Attaché de presse CNRS