Forêts tropicales en régénération : des siècles avant de retrouver la composition des forêts anciennes
Les forêts tropicales abritent l’écrasante majorité des espèces d’arbres dans le monde (53 000 espèces recensées). Or, plus de la moitié de ces forêts ne sont pas des forêts anciennes, mais des forêts à régénération naturelle, qui repoussent après une déforestation souvent liée à l’agriculture ou à l’élevage du bétail, suivie de l’abandon de ces terres. En Amérique latine tropicale, les forêts en régénération couvrent jusqu'à 28 % de la superficie terrestre. Contribuent-elles à conserver la diversité des arbres tropicaux ? Pas à moyen terme, selon une étude publiée le 6 mars 2019 dans Science Advances : cinq décennies suffisent en moyenne pour retrouver, dans ces parcelles en régénération, le nombre d’espèces présentes dans des forêts anciennes bien conservées, mais il faut des siècles avant que leur composition ne ressemble à celle des forêts anciennes (après 20 ans de repousse, seulement 34 % des essences identifiées dans des forêts anciennes voisines sont inventoriées dans celles en régénération).
Menées par une collaboration internationale de scientifiques américains et européens, coordonnée par une équipe de l'Université de Wageningen (Pays-Bas) et à laquelle ont participé deux chercheurs du CNRS et du Muséum national d'Histoire naturelle1 , ces travaux soulignent la nécessité de préserver à la fois forêts anciennes et en repousse pour conserver la biodiversité dans les paysages modifiés par l’Homme.
- 1Jérôme Chave, écologue CNRS au laboratoire « Evolution et diversité biologique » (CNRS/ UT3 Paul Sabatier/IRD) et Denis Larpin, botaniste au Muséum national d'Histoire naturelle (MNHN)
Biodiversity recovery of Neotropical secondary forests, Rozendaal et al., Science Advances, 6 mars 2019
doi: 10.1126/sciadv.aau3114
http://advances.sciencemag.org/cgi/content/full/5/3/eaau3114