Des observations record à 172 mètres de profondeur pour éclairer comment le corail « dur » survit sans lumière
En eaux peu profondes (inférieures à 30 mètres), la survie des coraux durs dépend d’algues unicellulaires photosynthétiques vivant dans leurs tissus, les zooxanthelles. Mais comment le corail s’adapte-t-il lorsque la lumière disparaît en profondeur ? Des chercheuses et chercheurs français du CNRS, de l’EPHE-PSL1 et leurs collaborateurs internationaux, associés à Under the Pole (Expédition III), ont étudié, pour la première fois à travers les archipels de la Polynésie française, la répartition de ces coraux dits mésophotiques, depuis la surface jusqu’à 120 mètres de profondeur (avec une descente record à 172 mètres !). Tandis que la quantité de lumière s’atténue vers le fond, en plus de son association avec les zooxanthelles, le corail s’associe à une autre algue, filamenteuse, qui s’insère dans son squelette. Ces algues pourraient ainsi jouer un rôle important dans l’adaptation du corail à la vie en profondeur, car elles captent les longueurs d’onde faibles, seules rémanentes dans les tréfonds. Ces travaux apportent de nouvelles connaissances sur les écosystèmes coralliens profonds, qui sont au cœur d’un intérêt grandissant quant à leur rôle potentiel de refuge par rapport aux récifs de surface plus directement menacés. Publiés dans l’ISME Journal, ils ont bénéficié du soutien de l’ANR.
- 1Travaillant au Centre de recherches insulaires et observatoire de l'environnement (CNRS / EPHE-PSL / UPVD) et au Laboratoire d’écogéochimie des environnements benthiques (OOB, CNRS / Sorbonne Université)
Symbiotic associations of the deepest recorded photosynthetic scleractinian coral (172 m depth). Héloïse Rouzé, Pierre E. Galand, Mónica Medina, Pim Bongaerts, Michel Pichon, Gonzalo Pérez-Rosales, Gergely Torda, Aurelie Moya, Under The Pole Consortium, Jean-Baptiste Raina & Laetitia Hédouin. The ISME Journal (2021)
DOI : https://doi.org/10.1038/s41396-020-00857-y