Comment la parole propulse les pathogènes
La parole et le chant propagent des gouttelettes de salive, ce qui, dans le contexte actuel de la pandémie de Covid-19, suscite beaucoup d’interrogations. Des scientifiques du CNRS, de l’université de Montpellier et de l’université de Princeton1 ont donc voulu éclairer ce qui se produit lors de conversations. Une première étude, parue dans PNAS, a permis d’observer que les flux d’airs générés en parlant ont une direction et une portée dépendante des sonorités produites. Ainsi, l’accumulation de consonances plosives, comme le « P » de « PaPa », produit un flux d’air conique pouvant aller jusqu’à 2 mètres en 30 secondes. Ces résultats soulignent également que le temps d’exposition lors d’une conversation influence tout autant le risque de contamination que la distance. Une autre étude, publiée le 2 octobre dans la revue Physical Review Fluids, décrit quant à elle le mécanisme de production de micro gouttelettes avec la parole: des filaments salivaires se forment, sur les lèvres pour les consonnes P et B par exemple, puis sont étirés, affinés et fragmentés sous forme de gouttelettes. Ces travaux se prolongent actuellement avec le Metropolitan Opera Orchestra (« MET Orchestra ») de la ville de New York, dans un projet qui vise à déterminer les conditions les plus sûres pour continuer l’activité de ce prestigieux orchestre.
- 1Les scientifiques français travaillent au Centre de biologie structurale (CNRS/Université de Montpellier/Inserm) et à l’Institut montpelliérain Alexander Grothendieck (CNRS/Université de Montpellier).
Speech can produce jet-like transport relevant to asymptomatic spreading of virus. M. Abkarian, S. Mendez, N. Xue, F. Yang, H. A. Stone, Proceedings of the National Academy of Sciences, le 25 septembre 2020 DOI : 10.1073/pnas.2012156117
Stretching and break-up of saliva filaments during speech: a route for pathogen aerosolization and its potential mitigation. M. Abkarian, H. A. Stone, Physical Review Fluids, le 2 octobre 2020