Le CNRS inaugure la Maison du CNRS à l’Université de São Paulo
Le mercredi 27 mars 2024, à l’occasion de la visite du Président de la République française à São Paulo, le CNRS a inauguré sur le campus de l’université pauliste la Maison du CNRS, qui hébergera le Bureau du CNRS pour l’Amérique du Sud, dès le mois de septembre.
En cette fin d’après-midi, alors que le soleil de la fin d’été rayonne encore sur le Brésil, le campus Butantã de l’Université de São Paulo (USP), la principale université brésilienne, située dans la ville la plus peuplée tant du pays que du continent, foisonnait d’activités. Et pour cause. Le mercredi 27 mars 2024 lors de sa première visite d’État au Brésil, Emmanuel Macron, le Président de la République française, a tenu, malgré un emploi du temps chargé, à se rendre à l’USP, notamment pour y inaugurer un nouvel institut Pasteur, consacré à la recherche biomédicale, le trente-troisième dans le monde.
Mais l’Institut Pasteur n’est pas la seule institution française présente à São Paulo et l’USP, première université d’Amérique latine, en attire bon nombre. Parmi les autres organismes français installés de longue date, le CNRS occupe une place centrale. Après avoir lancé l’an dernier un centre de recherche international1 (IRC en anglais) avec l’USP, son principal partenaire au Brésil, le CNRS, en la personne d’Antoine Petit, son président-directeur général, a inauguré la Maison du CNRS.
Dans cet espace de 400m² mis à disposition de l’institution française par son homologue brésilienne, Antoine Petit se rappelle sa visite l’an passé Carlos Carlotti Junior, le recteur de l’USP, lui « offrir une clé et nous faire visiter ce qui était alors un espace vide, partageant sa vision de le transformer en Maison du CNRS pour accueillir des événements scientifiques qui façonneraient nos efforts de recherche conjoints ». À l’occasion de cette inauguration, les dirigeants des deux établissements ont signé trois conventions. La première relative à la création du laboratoire de recherche international2 Immunologie : Régulation des réponses de l’hôte et de la santé immunitaire3 , la deuxième à la convention d'hébergement du bureau du CNRS à l'USP et la troisième, enfin, à l’accord entre le CNRS, la Fondation d'appui à la recherche de l'État de São Paulo (Fapesp) et l’USP stipulant les mesures d'accompagnement des chercheurs français affectés dans les laboratoires communs avec l'USP. Ce dernier accord, unique en son genre à l’échelle mondiale, autorise les scientifiques du CNRS à bénéficier des mécanismes financiers de la Fapesp, La Fondation de recherche de São Paulo, principal organisme de soutien à la recherche au Brésil.
Antoine Petit souligne particulièrement le succès de l’IRC en à peine un an : « L'USP n'est pas seulement la meilleure université d'Amérique latine ; c'est un modèle d'excellence en matière d'éducation et de recherche, un défenseur de la démocratie dans ces temps difficiles et un partenaire précieux dans la collaboration scientifique à l'échelle mondiale. Le CNRS est très honoré d'être un partenaire aussi proche de votre prestigieuse université ».
L’IRC intensifie la coopération scientifique
De fait, la visite présidentielle comme la Maison du CNRS témoignent de la place majeure qu’occupe l’USP dans l’écosystème scientifique brésilien et, plus largement, en Amérique latine et dans ses relations scientifiques avec la France. Avec près de 100 000 étudiants et un quart de la production scientifique du pays, l’USP est un acteur structurant de la recherche sud-américaine. De fait, elle est considérée comme la meilleure université d’Amérique du Sud. Logiquement, l’université se tourne résolument vers l’international : 45 % de ses recherches sont menées avec, au moins, un partenaire étranger. Parmi les partenaires internationaux de l’USP, la France se hisse au quatrième rang et le CNRS occupe le haut du podium des institutions scientifiques partenaires, devant les universités états-uniennes d’Harvard et du Michigan, avec presque 3000 co-publications scientifiques en 2023, soit plus de la moitié des collaborations françaises. Ces bons résultats s’expliquent notamment par la relation bientôt centenaire de la France avec l’USP, conçue sur le modèle académique français et pour partie fondée par des scientifiques français, tels Claude Lévi-Strauss et Fernand Braudel.
Depuis la création du centre international en 2023, cette collaboration s’est intensifiée. Comme l’expliquait Alain Schuhl, directeur général délégué à la science du CNRS, au moment de son inauguration l’an dernier : « le Brésil investissant beaucoup dans la recherche et comptant des infrastructures de premier rang mondial, il était naturel que le CNRS continue à y structurer des collaborations conséquentes, en particulier avec la première université du pays ». Prenant acte de leurs collaborations déjà bien établies dans le domaine des sciences humaines, de l'énergie et de l'environnement, le CNRS et l’USP ont décidé l’an passé d’accroître et diversifier leurs champs de recherche au sein d’un IRC résolument interdisciplinaire. Outre les domaines évoqués, l’IRC met ainsi en valeur les sciences de l’univers, celles de l’information, les technologies quantiques, la biologie et la recherche en agriculture et en décarbonation.
Après une première phase de construction du centre menée conjointement par les deux parties, l’heure est venue d’en observer les premiers résultats. Et ceux-ci sont excellents. Plusieurs événements ces derniers mois ou prochainement attestent de la vitalité des échanges scientifiques entre les deux institutions. En septembre dernier s’est ainsi tenu à São Paulo le workshop « World in Transitions » en sciences humaines ; en octobre, le workshop « Techno-Human Systems of the Future » en sciences informatiques ; et fin mars, le colloque « New Territories » en sciences de l’écologie et de l’environnement. En parallèle, en sus de la naissance, en janvier 2024, de l’IRL Immune Health – situé à la Faculté de médecine de Ribeirão Preto –, l’IRL en sciences humaines et sociales Mondes en transition verra bientôt le jour en septembre prochain. En complément, deux réseaux de recherche internationaux4 (IRN), trois actions internationales émergentes5 (IEA) et six projets de recherche internationaux6 (IRP) sont venus ou vont venir compléter les quatre IRP déjà existants avec l’USP. De fait, avec autant de structures, l’université pauliste comptabilise la moitié des dispositifs structurants de coopération du CNRS au Brésil.
Le bureau du CNRS en Amérique du Sud rejoint São Paulo
C’est pourquoi, au vu de ce dynamisme local et par souci d’intégration des outils sur place, le CNRS a décidé de déménager, à compter du 1er septembre 2024, son bureau Amérique du Sud de Rio de Janeiro, où il se situait depuis 2010, à São Paulo, au sein de la Maison du CNRS. Dotée d’un espace important, celle-ci est également le lieu qui pourra accueillir un certain nombre de colloques, à l’instar des trois premiers workshops, ainsi que recevoir des scientifiques de passage à São Paulo ou en affectation dans les futurs IRL. Ce déménagement ne marque pas pour autant la fin des relations scientifiques avec l’Université fédérale de Rio de Janeiro (UFRJ). Avec plus de 1200 copublications entre 2018 et 2022, celle-ci demeure le deuxième partenaire du CNRS au Brésil, juste derrière l’USP. En outre, l’UFRJ dispose de nombreux dispositifs structurants de coopération. Elle compte ainsi à son actif un projet de recherche et deux réseaux de recherche internationaux et une nouvelle action internationale émergente tournée vers la chimie verte doit voir le jour cette année. Par ailleurs, la ville de Rio de Janeiro abrite depuis plusieurs années le premier laboratoire de recherche international franco-brésilien, en l’occurrence l’IRL Jean Christophe Yoccoz / Instituto de Matematica Pura e Aplicada, fondé dès 2005 afin de mieux accompagner les relations franco-brésiliennes en mathématiques entre la France et le Brésil.
Pour Liviu Nicu, directeur du bureau Amérique du Sud du CNRS et directeur scientifique et opérationnel de l’IRC, ce déménagement ne change rien aux activités du bureau : « Que l’on se trouve à Rio de Janeiro, São Paulo, Santiago de Chili ou Buenos Aires, nos missions fondamentales restent les mêmes : maintenir la coopération scientifique avec nos partenaires en Amérique du Sud ».
- 1Un IRC est un nouveau dispositif institutionnel qui vise à instaurer un dialogue stratégique ambitieux entre le CNRS et son partenaire académique pour définir leurs intérêts communs et les collaborations leur permettant d’y répondre ensemble, sous la forme de laboratoires de recherche internationaux, de projets de recherche, de réseaux thématiques ou d’autres dispositifs existants ou à développer.
- 2Les IRL correspondent à des implantations de recherche internationales au sein desquelles des activités de recherche sont menées en commun autour d’axes scientifiques partagés. Ils structurent en un lieu identifié les présences significatives et durables de scientifiques d’un nombre limité d’institutions de recherche françaises et étrangères (un seul pays étranger partenaire). Ces unités ont une durée de cinq ans.
- 3CNRS / Université d’Orléans / USP.
- 4L’IRN a pour objet la structuration d’une communauté scientifique à l’international autour d’une thématique partagée ou d’une infrastructure de recherche. Il promeut l’organisation d’ateliers et de séminaires internationaux ou d’écoles thématiques organisés par les partenaires du réseau, en France et à l’étranger. D’une durée de cinq ans, il rassemble des chercheurs d’un ou plusieurs laboratoires français dont au moins un laboratoire du CNRS et de plusieurs laboratoires partenaires à l’étranger.
- 5Les IEA sont des projets « PI-to-PI » dont la finalité est l’exploration de nouveaux champs de recherche et de nouveaux partenariats à l’international par : des missions de courte durée, l’organisation de réunions de travail, l’initiation de premiers travaux de recherche en commun autour d’un projet scientifique partagé. Ces actions ont une durée de deux ans.
- 6Les IRP sont des projets de recherche collaborative établis entre un ou plusieurs laboratoires du CNRS et des laboratoires d’un ou deux pays étrangers. Ils permettent de consolider des collaborations déjà établies à travers des échanges scientifiques de courte ou moyenne durées. Ils ont pour objet l’organisation de réunions de travail ou de séminaires, le développement d’activités de recherche communes y compris des recherches de terrain, et l’encadrement d’étudiants. Les équipes françaises et étrangères doivent avoir déjà démontré leur capacité à collaborer ensemble (par exemple par une ou plusieurs publications communes). Ces programmes sont d’une durée de cinq ans.