La délégation du CNRS mobilisée pour la COP 28 sur le climat

Institutionnel

En plus des négociations entre les États membres, les Conférences des parties, ou COP, comptent de nombreux évènements et autres tables rondes autour du climat. Le CNRS a constitué une délégation officielle, menée par son président-directeur général Antoine Petit, qui y partagera sa connaissance des enjeux et les solutions issues de ses laboratoires et scientifiques.

Comme chaque année depuis 2015, le CNRS envoie une délégation à la Conférence des parties (COP), dont la 28e édition se tient du 30 novembre au 12 décembre à Dubaï, aux Émirats arabes unis. « Cette COP est d'autant plus importante qu’il s’agit du premier bilan mondial des différentes actions déployées par les États pour atteindre les objectifs fixés par l’Accord de Paris en 2015 : limiter la hausse de la température à 1,5°C par rapport à l’ère préindustrielle et réduire les émissions de gaz à effet de serre », précise Agathe Euzen, directrice adjointe de CNRS Écologie & Environnement. Pour être à la hauteur des enjeux et atteindre à long terme les objectifs de l’Accord en matière d’atténuation, d’adaptation et de financement, il s’agit de renforcer les ambitions de chaque État en faveur d’une neutralité carbone, d’accélérer le déploiement des énergies renouvelables et d’éliminer progressivement les énergies fossiles notamment ».

 Particulièrement sensible en raison des disparités entre pays du Nord et du Sud, la question du financement des pertes et dommages causés par le changement climatique sera également abordée. Dans le contexte mondial actuel et les enjeux de chacun des États, les participants espèrent atteindre un consensus après plusieurs COP où le problème a été mis sans succès sur la table des négociations. Un point sera aussi fait sur la transition énergétique et l’impact des émissions de gaz à effet de serre.

Porter la voix de la science à la COP28

Aux côtés d’Antoine Petit, la délégation CNRS comprend  également  Arnaud Lalo, responsable des opérations auprès du directeur général délégué à la science, Jean-Pierre Gattuso, directeur de recherche au Laboratoire d’océanographie de Villefranche1 , Joachim Claudet, directeur de recherche CNRS au Centre de recherche insulaire et observatoire de l’environnement2 et conseiller pour l’océan au CNRS, et Agathe Euzen. Différents membres du CNRS peuvent aussi se rendre à la COP 28 en-dehors de la délégation officielle, par le biais d’associations ou de programmes de recherche indépendants.

« La science doit être entendue pendant les négociations et elle doit venir éclairer  les décideurs et décideuses, affirme Joachim Claudet, qui étudie notamment la durabilité des systèmes socio-écologiques côtiers et marins. Les chercheurs n’attendent pas les COP pour travailler sur les questions qui y sont traitées, mais c’est un moment crucial pour faire remonter aux sphères politiques le savoir issu des laboratoires et du terrain ».

Cette année, le CNRS sera particulièrement présent dans le pavillon dédié à l’océan. Celui-ci va accueillir la journée Rising Ocean, co-sponsorisée par la France et le Costa Rica. Cette journée va, en particulier, préparer à la prochaine édition de la Conférence des Nations Unies sur l’océan (UNOC), prévue pour le 3 juin 2025 à Nice.

Rising Ocean aura lieu en présence d’Olivier Poivre d’Arvor, ambassadeur des pôles et des enjeux maritimes et envoyé spécial de la présidence française pour l’UNOC, et de Catherine Colonna, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères. Parmi les tables rondes organisées, One Ocean Science Congress – Filling the Knowledge Gap comptera la présence d’Antoine Petit, de Jean-Pierre Gattuso et de Françoise Gaill, présidente du Panel international pour la durabilité de l’océan (IPOS)3 .

  • 1CNRS/Sorbonne Université.
  • 2CNRS/EPHE – PSL/Université de Perpignan Via Domitia.
  • 3Dédié à la durabilité des océans dans son ensemble en considérant toutes les parties prenantes, IPOS a pour but d’encourager une meilleure coordination du monde scientifique sur le sujet de l’océan.
Discussion lors de la conférence des Nations unies sur les océans en 2022 à Lisbonne sur les manières d'"Accroître les connaissances scientifiques et développer les capacités de recherche et le transfert de technologies marines"
Discussion lors de la conférence des Nations unies sur les océans en 2022 à Lisbonne sur les manières d'"Accroître les connaissances scientifiques et développer les capacités de recherche et le transfert de technologies marines"© UN Photo/Gonçalo Borges Dias

Le CNRS au Pavillon de l’Océan

Antoine Petit interviendra dans un autre évènement conduit par le CNRS, en partenariat avec l’Institut océanographique de Woods Hole étatsunien, le GEOMAR Helmholtz Centre for Ocean Research Kiel allemand, la Fondation de recherche de São Paulo brésilienne et l’Union internationale pour la conservation de la nature. Cet événement traitera des manières optimales d’accompagner les pourparlers sur les politiques environnementales planétaires à l’aide de données scientifiques, de l’intégration de différentes disciplines à l’IPOS, du développement d’un jumeau numérique de l’océan et, enfin, des façons de favoriser les synergies pour le financement de la recherche.

« Le monde de la recherche doit se rendre à ces manifestations internationales afin d’aider à une meilleure considération des résultats scientifiques lors des négociations et des prises de décisions, explique Agathe Euzen, qui interviendra au pavillon Science de la COP28. À travers leurs travaux, de nombreux chercheurs du CNRS alimentent les synthèses qui, comme celles du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), permettent de comprendre l’évolution du climat ». De fait, à travers les recherches qui sont conduites dans ses laboratoires, le CNRS est le premier contributeur mondial aux rapports du GIEC.

« Nous allons montrer qu’il est possible de mieux se structurer à l’échelle mondiale sur des projets scientifiques d’envergure, explique Joachim Claudet. Ces efforts permettent aux chercheurs de peser davantage sur les financements internationaux et d’apporter une meilleure information scientifique lors des négociations politiques. Je pense bien évidemment à la COP28, mais aussi à des cas comme le premier Traité international pour protéger la haute mer, signé cette année. L’océan est de plus en plus présent dans les COP et les discussions. La compréhension de son rôle dans l’évolution du climat et dans les moyens de s’y adapter s’est en effet accrue ces dernières années ».

Les scientifiques du CNRS modélisent l'océan pour mieux le comprendre
Les scientifiques du CNRS modélisent l'océan pour mieux le comprendre©CNRS 2023 / Fabien Carré, « Le détroit de Gibraltar en modèle réduit »

Le CNRS, acteur clé pour penser les changements globaux

D’autres questions liées au dérèglement climatique sont mises en avant, autour des pôles, des ressources naturelles, de l’eau, la biodiversité, la forêt, les sols, l’énergie, la finance ou encore le droit et seront abordées et complétées par des interventions de chercheurs issus du CNRS. Dans un contexte de changement global, une très grande diversité des recherches fondamentales conduites en science de l’univers et de la Terre, l’écologie et l’environnement ainsi que les sciences humaines et sociales et les sciences de l’ingénierie et des systèmes sont mobilisées pour mieux décrire, analyser, modéliser, anticiper, innover. Cela participe à la compréhension du fonctionnement et de l’évolution du vivant, du système Terre dans toutes ses composantes et des dynamiques des populations humaines et leur résilience. De nombreuses questions se posent, relatives non seulement à la dynamique des systèmes (atmosphère, océans, cryosphère, eau continentale, biodiversité, écosystèmes, sols et sous-sols) et à leurs interactions, mais aussi à leurs effets sur les territoires et les sociétés dans leurs dimensions spatiales et temporelles. Proposer des solutions d’adaptation, étudier la diversité des solutions fondées sur la nature, l’agroécologie ou encore des modes de gestion des ressources favorisant l’équité sociale et le bon état des écosystèmes sont autant de contributions des chercheurs du CNRS, reconnus pour leur expertise dans tous ces domaines.

« Par sa nature pluridisciplinaire  et son approche globale, le CNRS est un acteur clé pour mieux comprendre le climat et ses impacts sur la biodiversité, l’eau, les territoires et la société, appuie Antoine Petit. Tous les systèmes vivants, sociaux comme écologiques, sont vulnérables face à ces changements, et le CNRS a mis en place de nombreux systèmes pour les observer, les mesurer et les modéliser. Ces résultats pluri- et interdisciplinaires viennent ensuite épauler les décideurs, mais aussi les ingénieurs et les techniciens – qu’ils fassent partie du CNRS ou non – qui travaillent aux solutions d’atténuation et d’adaptation dans les territoires ».

La délégation CNRS partira à la COP28 dans cet esprit, afin d’apporter son expertise aux efforts internationaux face au changement climatique, de proposer des réponses innovantes pour mieux prévenir et remédier, d’anticiper et de s’adapter en contexte de changement climatique et de changement global. Une manière supplémentaire qu’a le CNRS de mettre ses travaux au service d’une société durable.

Le CNRS et l'océan, interview de Joachim Claudet, conseiller pour l’océan au CNRS

L’océan est un milieu complexe. Des continents jusqu’aux grands fonds, de la molécule au système global en passant par les écosystèmes, les sociétés humaines et leurs multiples usages de l’océan, jusqu’au partage des connaissances avec les décideurs, les professionnels et les citoyens : il nécessite de se coordonner bien au-delà des seules sciences marines pour mieux le préserver. Avec plus de 1000 scientifiques mobilisés dans une cinquantaine de laboratoires, le CNRS est l’un des tout premiers organismes de recherche au monde capables de composer de multiples alliances entre toutes les disciplines – océanographie, physique, sociologie, biologie, écologie, géologie, mathématiques, chimie, économie et même philosophie – pour étudier l’océan dans toutes ses dimensions. Joachim Claudet est directeur de recherche CNRS au Centre de recherche insulaire et observatoire de l’environnement (Criobe) et conseiller pour l’océan au CNRS, spécialiste de la durabilité des systèmes socio-écologiques côtiers et marins.

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