Un test sanguin pour détecter les troubles bipolaires
La start-up Alcediag, associée au CNRS dans le cadre du laboratoire commun Sys2Diag, commercialise le premier test sanguin de diagnostic des troubles bipolaires. Ce test permettra une meilleure prise en charge de cette maladie psychiatrique, en la différenciant plus rapidement des troubles dépressifs unipolaires.
Les troubles bipolaires, qui se caractérisent par l'alternance de phases dépressives et maniaques (euphorie, hyperactivité...), affectent plus de 60 millions de personnes dans le monde. Le diagnostic de cette maladie psychiatrique est long (8 à 10 ans en moyenne) et complexe, et elle est souvent confondue avec la simple dépression (unipolaire), ce qui nuit à la bonne prise en charge thérapeutique des patients.
Pour améliorer le processus de diagnostic, la société Alcediag, filiale du groupe Alcen, propose pour la première fois Edit-B, un test sanguin qui détecte les troubles bipolaires et les distingue de la dépression avec une efficacité supérieure à 80%. Il est le fruit des recherches menées depuis plusieurs années par cette société associée au CNRS dans le cadre du laboratoire mixte Sys2Diag (CNRS/Alcen).
« Les recherches menées par Alcediag visent à identifier des biomarqueurs sanguins d’édition d’ARN pour différents troubles psychiatriques. En combinant des techniques de séquençage d’ARN et de l’intelligence artificielle, nous avons mis au point un test portant sur six biomarqueurs sanguins qui différencient les phases dépressives d’un patient affecté de troubles bipolaires de celles d’un patient dépressif », explique Dinah Weissmann, directrice générale déléguée d’Alcediag et co-directrice de Sys2Diag.
Plusieurs études cliniques, menées d’abord avec des cohortes de patients dépressifs ou sains, puis avec des patients dépressifs unipolaires ou bipolaires, ont abouti à une première version d’un test de diagnostic qui vient d’être lancé en partenariat avec Synlab, leader européen des laboratoires d’analyses biologiques. La commercialisation a débuté en Italie, elle sera étendue à la France et à la Suisse courant 2023, puis à l’ensemble des pays où Synlab est implanté. Le test sanguin est réalisé sur prescription d’un médecin, dans des laboratoires d’analyses biologiques. Les données sont ensuite analysées sur une plateforme par des algorithmes d'intelligence artificielle, et les résultats du diagnostic sont transmis au laboratoire et au médecin du patient.
Pour se conformer à une nouvelle réglementation européenne sur les tests in vitro (IVRD) promulguée en mai 2022, une nouvelle étude clinique est en cours à l'échelle européenne, dans le cadre du consortium[1] public-privé Edit-B coordonné par Alcediag. L'objectif est d'aboutir à une nouvelle version du test sous la forme d'un kit de laboratoire simple d'utilisation qui sera commercialisé à partir de 2025.
[1] Les membres du consortium du projet Edit-B, soutenu par l'EIT Health (European Institute of Innovation and Technology for Health), sont :
- Alcediag, filiale du groupe Alcen
- Le centre de psychiatrie de la région de Copenhague au Danemark
- L’hôpital clinique de Barcelone et sa fondation (Hospital Clínic de Barcelona et Fundació Clinic per la Recerca Biomèdica)
- Le GHU Paris Psychiatrie & Neurosciences
- L’hôpital Parc Sanitari Sant Joan de Déu et sa fondation Fundació Sant Joan de Déu
- ProductLife Group
- Synlab