« Notre objectif: 100 % de publications en libre accès »

Institutionnel

Les 18 et 19 novembre à Paris avaient lieu les deuxièmes journées nationales de la science ouverte, l’occasion pour Antoine Petit, président-directeur général du CNRS, de présenter la feuille de route de l’organisme sur ce domaine. Explications avec Alain Schuhl, directeur général délégué à la science, chargé de sa mise en œuvre au sein du CNRS.

De quelle manière envisagez-vous de renforcer l’adoption des principes et des pratiques de la science ouverte au sein du CNRS ?

Nous allons déployer notre action autour de quatre volets : l’accès ouvert aux publications scientifiques, le partage des données scientifiques, le développement et la promotion d’outils pour la fouille des contenus scientifiques, et enfin, l’évaluation individuelle des chercheurs. Ce sont les quatre piliers sur lesquels nous comptons faire progresser la science ouverte au CNRS. Notre feuille de route est alignée sur ces points avec celle du Plan national pour la science ouverte, mis en œuvre par le Ministère de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation. À l’heure actuelle, seulement 50 % des publications scientifiques auxquelles participent des chercheurs du CNRS sont accessibles gratuitement. Notre objectif est donc d’atteindre rapidement, idéalement d’ici fin 2020, le chiffre de 100 %. Nous allons mettre les moyens pour y arriver et doter les chercheurs des meilleurs outils.

 

La plateforme nationale d’archives ouvertes HAL contiendra donc à terme toutes les publications scientifiques du CNRS ?

C’est notre souhait. Afin d’inciter les chercheurs dans cette voie, nous avons mis en place une nouvelle règle en 2019 : seules les publications déposées dans HAL seront listées dans les rapports d’activités annuels des chercheurs et chercheuses du CNRS. Mais il ne faut pas se voiler la face, cela ne suffira pas. Il va falloir continuer à mobiliser les chercheurs, en facilitant notamment le plus possible ces dépôts via HAL. Dans cette voie, nous renforçons l’équipe du Centre de la communication scientifique directe en charge de HAL, afin d’améliorer l’ergonomie du site web et les passerelles avec d’autres archives ouvertes telles que arXiv. À terme, il faut que le dépôt d’une publication sur un autre site d’archive ouverte se répercute automatiquement sur HAL, et vice-versa. Notre volonté est de faire en sorte que les chercheurs s’en emparent pleinement. Un portail HAL-CNRS va être créé afin d’y retrouver les publications des chercheurs du CNRS.  

 

Vous fixez-vous le même objectif en matière de partage de données ?

Ce volet est beaucoup moins mature que celui des publications scientifiques. Nous cherchons surtout, dans un premier temps, à accompagner la réflexion dans ce sens et à renforcer la conscience que ce partage sera bénéfique à tout le monde. Sur ce point, nous allons bien sûr continuer à soutenir le développement du portail Opidor (Outils et services pour optimiser le partage et l’interopérabilité des données de la recherche). Au-delà des questions de formats de données et du choix des données pertinentes à stocker, il faudra également discuter du meilleur échelon – local, régional ou national – pour le stockage physique de toutes ces données. Nous souhaitons également que cette question soit couplée avec celle de la fouille de données et du « text mining ». À terme, les chercheurs doivent pouvoir extraire aisément des informations pertinentes, voire de nouvelles connaissances, de ces vastes ensembles de textes et de données scientifiques.

 

Comment les critères d’évaluation individuelle des chercheurs vont-ils évoluer ?

Il est évident que ces changements profonds dans les logiques de publication ne se feront pas sans des modifications importantes dans la manière dont les chercheurs sont évalués. On travaille sur ce point étroitement avec chaque section du Comité national en charge de l’évaluation des chercheurs. Il nous semble notamment important que la qualité des recherches et des résultats prévalent sur la qualité du journal dans lequel ils sont publiés. Certaines universités anglaises demandent à leurs chercheurs de leurs communiquer uniquement une sélection de cinq publications que ces derniers jugent les plus emblématiques de leur travail. C’est une piste à explorer sérieusement qui présente l’avantage de fonder l’évaluation sur une sélection motivée d’articles en libre accès plutôt que sur une liste exhaustive non motivée.