Les Français, la science et le CNRS

Près de 8 Français sur 10 sont intéressés par la science et la recherche scientifique, dont un sur cinq très intéressés. C’est ce que révèle une étude menée en ligne fin 2022 par Harris Interactive, à la demande du CNRS, auprès d'un échantillon de 1501 Français et Françaises âgés de 18 ans et plus, représentatifs du grand public.

Cet intérêt fort se traduit notamment par une appétence pour les émissions et documentaires – appréciés par près de la moitié des répondants – et des publications publiques sur le sujet. Il s’accompagne d’une perception très positive de la recherche publique : 79 % des sondés déclarent avoir davantage confiance en une recherche menée par un laboratoire public comme ceux du CNRS, que par un laboratoire privé. Une confiance fondée sur le gage de transparence, de contrôle, d’utilité et de sérieux apporté par la recherche publique, qui est cependant un peu plus questionnée sur sa capacité d’innovation (56 % seulement des sondés pensent que la recherche publique est plus innovante que la recherche privée).

Une recherche au service de la société

Publique comme privée, la recherche se voit assigner une mission principale par le grand public : trouver des solutions aux problèmes de la société. Viennent ensuite, pour la population générale, l’exploration de nouveaux domaines puis le développement des connaissances de toute la population. Pour les plus jeunes (18-24 ans), apporter de nouvelles connaissances au monde économique remonte dans le classement, l’exploration de nouveaux domaines paraissant moins prioritaire.

Cette mission envers le monde économique n’a pas encore été repérée comme un des succès du CNRS, un quart seulement des répondants pouvant identifier que, chaque année, l’organisme ouvre des dizaines de laboratoires en commun avec les entreprises et soutient près d’une centaine de chercheurs et chercheuses dans la création de leur start-up – un taux à mettre en balance avec le renforcement récent de la politique de valorisation du CNRS, la création d’une Direction générale déléguée à l’innovation datant de 2019.

L’enquête mesure en effet l’image et la notoriété du CNRS, au-delà de celles de la recherche scientifique. L’ensemble des organismes de recherche scientifique français ou étrangers sont peu connus du public – peu de sondés (12 %) pouvant en citer spontanément. Celles et ceux qui sont en capacité de donner une réponse citent en tête le CNRS (43 %), loin devant l’Institut Pasteur (23 %), l’Inserm (15 %), l’Inrae (14 %) ou encore le CEA (10 %) et la Nasa (7 %). En revanche, face à une liste donnée d’établissements, 88 % des personnes interrogées déclarent connaître le CNRS, juste derrière les deux marques mondiales que sont la Nasa et l’Institut Pasteur (93 %).

Le CNRS, reconnu mais mal connu

Cette importante notoriété de nom – transmise notamment via les médias et, dans une moindre mesure, via le parcours scolaire ou universitaire – s'accompagne cependant d'une certaine méconnaissance des activités de l’organisme. Ses actions clés en matière de science ouverte ou de valorisation, sa place à l’international – en tant que deuxième institution scientifique mondiale, présente sur tous les continents, dans 40 pays – et sa taille (plus de 34 000 agents et agentes) restent ainsi peu connues (15 à 43 % des répondants connaissaient ces informations). Moins de trois personnes sur 10 sont aussi capables d’identifier le CNRS comme un acteur de la recherche publique (34 % pensant qu’il est mixte public-privé et 28 % ne sachant pas), malgré la confiance accordée à ces acteurs. S’il est associé aux disciplines génériques (biologie, physique, chimie, santé), son rôle dans des domaines plus spécialisés, comme le quantique, l’intelligence artificielle ou la recherche spatiale, est également largement méconnu.

Néanmoins, plus de la moitié pensent, à raison, que le CNRS est présent dans tous les domaines majeurs de recherche. Et l’image de l’organisme, bien que générique, est excellente : 83 % des répondants en ont une bonne image, dont la moitié une très bonne image. Comparable à celle de l’Institut Pasteur (84 %, dont 47 %) et de l’Ifremer (83 %, dont 37 %), cette image est meilleure que celle de la Nasa (79 %, dont 34 %). Elle est nourrie par de nombreuses représentations positives du CNRS auxquels les mots « utile », « excellence », « source de progrès », « innovant » et « efficace » sont largement associés, bien que l'organisme soit soupçonné d’être « bureaucratique » par 26 % des sondés.

Plus des trois quarts des personnes interrogées trouvent le CNRS « utile à la société » – leur attente principale pour un établissement de recherche – et lui reconnaissent un rôle de « garant de la qualité de la recherche en France ». Plus de 7 personnes sur 10 pensent aussi que l’organisme « est à la pointe de l’innovation et des nouvelles technologies » et « traite de sujets en phase avec les enjeux d’aujourd’hui et de demain ». Concernant ces derniers, la majorité des répondants fait confiance au CNRS pour relever les six défis sociétaux qu’il s’est fixé dans son Contrat d’objectifs et de performance signé avec l’État en 2019. Cette confiance nourrit une forte attente des Français à l'égard de l'organisme : faire connaître les découvertes scientifiques à la société (85%).

Enfin, pour l’écrasante majorité des personnes interrogées (91 %), le CNRS et ses partenaires du monde de l’Enseignement supérieur et de la Recherche – forts du crédit de confiance qui leur est accordé – présentent une légitimité à travailler de concert avec les pouvoirs publics. Mais cette légitimité semble sous-exploitée, puisque plus de la moitié des répondants considèrent que les travaux issus de la recherche sont aujourd'hui insuffisamment pris en considération dans la décision publique.

Cette enquête propose donc un état des lieux de l’image et de la notoriété à la fois de la recherche scientifique et plus particulièrement du CNRS. Répétée régulièrement, elle devrait permettre de suivre les évolutions de l’avis des Français et Françaises sur ces sujets.