La start-up Biopic plébiscitée par le jury de Start-up Connexion 2017
Biopic s’est vu décerner le 17 mars dernier, lors des RUE 2017, le Prix coup de cœur Start-up Connexion 2017. La start-up remporte ainsi une dotation de 5.000 € et un accompagnement personnalisé en propriété industrielle alloués par le cabinet de conseil en propriété intellectuelle Plasseraud, partenaire de l’événement. Didier Boulinguiez, associé gérant du cabinet, revient sur ce résultat.
En quoi la start-up Biopic vous a-t-elle séduit ?
Didier Boulinguiez : Il y a eu, au niveau du jury, un véritable consensus autour de Biopic. La qualité de la présentation réalisée par son directeur Frédéric Roullier, lors des RUE, nous a littéralement charmés. Nous avons été touchés par la personnalité de ce candidat et par son parcours personnel et professionnel. A la fois docteur en physique et exploitant agricole, Frédéric Roullier porte son projet avec passion. Biopic vise un marché complexe, celui du monde agricole, et qui mérite des solutions innovantes telles celles portées par cette jeune start-up. Frédéric Roullier est un homme du métier, investi dans le développement d’outils connectés et de solutions de monitoring pour la smart agriculture. Biopic regroupe ainsi un ensemble de technologies et de solutions destinées à améliorer la rentabilité de l’exploitation, de l’écurie ou de l’élevage. Le cœur de la technologie repose sur une puce électronique intelligente munie de capteurs, et insérée dans le corps de l’animal ou au niveau de différents dispositifs externes. S’y associe l’ensemble de services FarmCloud Service. Le but est de faciliter le travail des exploitants et de les aider à gérer au plus près leur élevage. Comment ne pas y être sensible, en particulier au vu des difficultés rencontrées aujourd’hui par cette filière et les hommes qui y consacrent leur vie? Car les avancées et les innovations proposées par Biopic sont concrètes et répondent à des problématiques techniques bien réelles. Cela se matérialise, de façon assez inattendue, par une importante propriété industrielle : la start-up a déjà déposé deux brevets, est propriétaire d’une dizaine de marques, dessins et modèles, et a réservé onze noms de domaines.
Que peut apporter un cabinet de conseil en propriété intellectuelle à un tel lauréat ?
D.B. : Le rôle d’un cabinet de conseil en propriété intellectuelle (PI) est d’accompagner et de conseiller les acteurs de l’innovation sur le long chemin semé d’embûches de la protection et de la vie des inventions. Un cabinet va ainsi aider à déterminer une stratégie de dépôt et d’extensions de brevets : par exemple, où mettre l’effort et quand déposer ? Doit-on réaliser un portefeuille de brevets ou consolider le brevet initial ? Car le but est de préparer l’avenir en investissant aujourd’hui. Le cabinet de PI va notamment encourager et accompagner dans la négociation et la rédaction de licences et de contrats avec les partenaires. Il s’agit de prodiguer des conseils quant à la future commercialisation des produits et à l’exploitation des innovations par le prisme de ces actifs immatériels. Le cabinet aidera à déterminer les taux de royalties possibles. Enfin, il accompagnera ces acteurs dans leurs levées de fonds, où tous les actifs seront passés au crible par les investisseurs.
Start-up Connexion a réuni cette année huit lauréats, qui ont tous pitché lors des RUE. Le trio gagnant retenu par le jury comprend, outre Biopic, Daumet et ACS Biotech. Que pensez-vous de ces start-up ?
D.B. : Nous avons été agréablement surpris par la diversité et le caractère appliqué des huit start-up issues de la recherche académique, à des stades différents de développement. Certaines sont très proches du marché final visé, alors que d’autres auront encore besoin d’obtenir des autorisations administratives avant de pouvoir adresser un marché colossal. Mais les deux start-up figurant avec Biopic dans le trio de tête – Daumet et ACS Biotech – confirment bien la mutation amorcée ces dernières années par la recherche publique et sa capacité à s’orienter vers le milieu industriel pour adresser des problèmes de santé publique, des marchés industriels et environnementaux. Elles sont représentatives d’un continuum partant d’une recherche fondamentale et aboutissant à des applications industrielles. Il s’agit ainsi de projets prenant leur source dans les laboratoires de recherche, avec des applications concrètes et dont la propriété industrielle est protégée, et menés par une équipe enthousiaste et motivée. Daumet propose un nouvel or blanc, alliage d’or jaune et de tungstène, plus brillant et résistant au porter, moins cher et non allergène, à destination de la bijouterie et de l’horlogerie. ACS Biotech s’attaque quant à elle à un problème majeur de santé publique, l’arthrose. Elle propose une solution innovante pour la réparation du cartilage, basée sur l’injection d’un hydrogel comprenant des cellules de cartilage. Ces deux start-up, aux applications très concrètes, offrent de réelles perspectives commerciales, environnementales et sociétales. Se lancer dans la création d’une start-up est désormais grandement facilité et devenu monnaie courante. La motivation et l’enthousiasme de tous ces lauréats étaient évidents. Pour exemple, Cyrile Deranlot, directeur de Daumet, a renoncé à son statut d’ingénieur de recherche au sein de l’unité mixte de physique CNRS/Thales, elle-même reflet de l’innovation ouverte, et s’est mis à disposition de la start-up pour lancer son activité.
Le cabinet Plasseraud s’est associé pour la première fois cette année au concours Start-up Connexion, via son entité Plasseraud Start-up. Pourquoi ce partenariat et comment envisagez-vous l’avenir ?
D.B. : Le cabinet Plasseraud compte depuis très longtemps de nombreuses start-up parmi ses clients. Il y est très sensible et a à cœur de favoriser l’innovation dans le futur. Or l’avenir d’une start-up est intrinsèquement lié à sa propriété industrielle, ce qui implique un accompagnement le plus en amont possible. C’est pour cela qu'est né, il y a deux ans, Plasseraud Start-up, un département entièrement dédié aux start-up, pour répondre à leurs besoins et à leurs attentes spécifiques. Il s’agissait par-là d’officialiser les compétences existant en notre sein vis-à-vis de ces jeunes sociétés innovantes. Le partenariat initié cette année avec le concours Start-up Connexion nous permet de nous attacher le plus tôt possible à des projets comprenant de réelles perspectives industrielles et commerciales et de les sensibiliser au plus tôt aux enjeux de la propriété industrielle. Le déploiement du concours en régions, prévu par le CNRS et le Groupe AEF pour 2018, nous réjouit et s’imbrique parfaitement avec notre volonté d’implantation régionale déjà mise en œuvre depuis 1999 au travers de nos six bureaux régionaux (Lyon, Bordeaux, Dijon, Toulouse, Lille, Angoulême). Nous sommes ravis d’y être associés, de l’accompagner et nos équipes sur place sont d’ores et déjà prêtes à œuvrer.
Propos recueillis par Véronique Meder
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