Joint PhD Program : le CNRS multiplie les partenariats internationaux
Le « Joint PhD Program » du CNRS a financé plus de quarante contrats doctoraux en 2019 et 2020 avec de nombreux partenaires à l’étranger comme l’Université de Chicago et l’Université de Melbourne.
Une rencontre virtuelle inédite. Le 30 avril, les 18 doctorantes et doctorants financés par le CNRS et l’Université de Chicago en 2019 et 2020 dans le cadre des appels « Joint PhD Program » seront réunis par visio-conférence en présence d’Alain Schuhl, directeur général délégué à la science de l’organisme, et Juan de Pablo, vice-président des laboratoires nationaux de l’Université de Chicago. L’objectif ? Faire le point sur leurs projets et renforcer les liens entre les équipes internationales.
Car depuis 2019, le CNRS finance directement des programmes doctoraux1 . Véritable outil de soutien de la stratégie scientifique de l’organisme, « il a permis d’accompagner 200 doctorants en 2019, 180 en 2020 et 180 en 2021 », rapporte Alain Schuhl. Ces contrats doctoraux sont alloués à des projets privilégiant l’interdisciplinarité, mais également, pour certains, des projets internationaux. « Cette année, 60 contrats doctoraux ont été alloués à l’international dont la moitié sont dédiés à l’appel Joint PhD Program » – l’autre moitié étant mise à disposition des 10 instituts de l’organisme pour financer des contrats au sein de laboratoires en France qui travaillent à l’international, tel que la bourse de thèse de l’Institut de recherche sur les céramiques2 dans le cadre de sa collaboration avec le Nagoya Institute of Technology, basé à Nagoya au Japon.
Le Joint PhD Program
« L’objectif du Joint PhD Program est de faire travailler deux équipes, l’une française, l’autre internationale, sur un projet commun », explique Alain Schuhl. Le CNRS s’associe donc à une université étrangère sur un projet et chaque partenaire finance un doctorant de son côté. « Il n’y a ainsi aucune administration à faire et nous faisons vivre pendant trois ans – la durée d’une thèse – une collaboration au travers d’un seul appel. Nous ne signons pas d’accords engageants, mais privilégions le travail sur le fond. » La sélection des projets se fait lors d’une réunion commune avec le partenaire. Et si certains projets à financer sont évidents pour les deux institutions, d’autres sont le fruit de négociations politiques où « la balance entre l’intérêt de nos instituts et ceux du partenaire doit être respectée », souligne le directeur général délégué à la science.
Hugo Toudic est doctorant en philosophie politique à Sorbonne Université et a été sélectionné lors de l’appel à projet de 2020 en partenariat avec l’Université de Chicago. « Cela me permet d’avoir un superviseur à Chicago, le Professeur d’histoire Paul Cheney, qui complète l’encadrement de ma directrice de thèse Céline Spector, Professeure des Universités en philosophie politique à Sorbonne Université », explique l’étudiant dont le projet porte sur l’héritage du philosophe et écrivain français Montesquieu au sein des Federalist Papers, qui dessineront la future constitution américaine. Et les échanges sont au cœur de ce programme, comme l’explique Nesrine Shamas, doctorante en chimie physique à l’Université de Lille qui travaille en parallèle avec l’Université de Melbourne sur les espèces silicones3 et leur impact sur l’environnement : « Avec la doctorante en Australie, nous travaillons sur les mêmes échantillons, ce qui nous permettra à terme de comparer nos résultats. »
Autant de projets qui misent sur un croisement des regards, mais aussi de disciplines. En effet, « tous les projets soutenus sont très interdisciplinaires », souligne Alain Schuhl.
« Des partenaires prestigieux »
En 2019 et 2020, le CNRS a multiplié ainsi les projets avec de nombreux partenaires. « La première année, il s’agissait de l’Université Nationale Australienne (ANU), du Weizmann Institute of Science en Israël, de l’Indian Institute of Science Education and Research, Pune (IISER Pune) en Inde, et l’Université de Chicago », indique Alain Schuhl. En 2020, l’Université de Chicago a renouvelé l’expérience et l’Université de Toronto, l’Université de Melbourne, l’Imperial College à Londres ont rejoint l’initiative.
Ces collaborations se construisent suite à une « identification d’un certain nombre de programmes » au sein de l’université partenaire, mais également par la volonté de « travailler avec des partenaires prestigieux », ajoute Alain Schuhl. Intérêt que partage les partenaires envers le CNRS.
« Collaboration et mobilité »
Ce programme offre aux doctorants plus de moyens humains, financiers et techniques pour mener à bien leur projet, comme l’explique Hugo Toudic, qui organisera en juin 2022 un colloque international à Paris en partenariat avec l’Université de Chicago, « ce qui donnera un poids supplémentaire à cet évènement ». Pour Maya Faour, doctorante en neurologie à l’Université de Paris sur l’olfaction en lien avec le circuit neuronal, le partenariat avec l’Université de Chicago lui permet de joindre les expertises neuronales de son laboratoire à celles comportementales du laboratoire de Chicago. « Nous pourrons voir et apprendre des techniques sur lesquelles ils travaillent. Pour mes recherches, qui portent sur la partie neuronale, c’est très intéressant de voir comment elles se traduisent sur l’aspect comportemental. À la fin des trois années de thèse, nous aurons un projet complet ». Les doctorants bénéficiant de ce programme se voient également doté d’un fonds de 5 000 euros pour leur permettre de partir à la rencontre de l’autre équipe et d’échanger avec eux sur place.
En 2021, le CNRS a lancé la troisième édition du Joint PhD Program avec notamment l’Université d’Arizona (avec laquelle le CNRS vient de créer son premier International Research Center), l’Université de Tokyo et la Wits University en Afrique du Sud, et deux partenaires existants, l’Université de Toronto et Imperial College.