Avec « Fleurs inoubliables », L’Occitane en Provence et une chercheuse du CNRS redonnent vie aux fleurs à parfum oubliées

Tout a commencé en 2013, à Grasse. Lors d’une visite des jardins du Musée International de la Parfumerie dont L’Occitane en Provence est partenaire, Jean-Charles Lhommet, Directeur du département Biodiversité & Ingrédients Durables, apprend que les jardins veulent créer un conservatoire des fleurs oubliées du monde de la parfumerie. « Notre intérêt a été immédiat pour ce projet de terrain, ancré dans le territoire. Depuis ses débuts en 1976, L’Occitane s’investit dans la préservation du patrimoine naturel méditerranéen. Nous avions la même volonté de préserver un patrimoine de l’oubli, de conserver pour valoriser les plantes mais aussi les gens qui les cultivent », se souvient-t-il. Et d’ajouter, avec poésie : « Les plantes traversent les âges et racontent des histoires. Leur redonner vie c’est aussi faire revivre ces imaginaires ».

En parallèle, Xavier Fernandez, Professeur et vice-président Innovation et Valorisation de la Recherche à l’Université Côte d’Azur, monte un projet de thèse sur le sujet. Anne-Sophie Bouville, doctorante à l’Institut de Chimie de Nice (CNRS/Université Côte d’Azur), passionnée de botanique et de parfumerie, va s’y consacrer. Les travaux de sa thèse, « Les plantes à parfum oubliées », constituent un précieux manuel pour non seulement retrouver ces plantes, mais leur redonner vie.

Une immersion dans les grimoires par une chercheuse passionnée

« Le projet visait à libérer la connaissance autour de ces fleurs, oubliées en parfumerie, mais parfois connues dans d’autres domaines. Il comportait également une dimension philanthropique d’ouverture et de partage de la connaissance avec le grand public », confie Anne-Sophie Bouville. La chercheuse se souvient de sa plongée dans les archives : « la lecture de nombreux livres de l’histoire de la parfumerie, dont certains en papier bible, m’a permis d’effectuer année après année un recensement de quelque huit cents plantes et de leur histoire ». Parmi cet inventaire colossal, trente « fleurs candidates » répondent au cahier des charges de L’Occitane, engagée en matière d’environnement, de respect des producteurs et de développement olfactif industriel.

La construction de nouvelles filières avec les producteurs 

Le projet poétique « Fleurs inoubliables » entre alors dans la phase de confrontation au terrain et à la réalité économique. Seront retenues les fleurs qui autorisent une cueillette ou une culture responsable et durable en Provence, dans le plus grand respect de la biodiversité. « La faisabilité technique des producteurs partenaires - véritables paysans chercheurs-, l’intérêt économique de la culture pour les producteurs et les co-bénéfices sur une exploitation ont été des critères déterminants », analyse Romain Pochet, chargé de filière au service Biodiversité & Ingrédients Durables. L’Occitane et ses partenaires mènent une démarche engagée pour créer de zéro une filière de production en Provence pour chaque fleur, la valoriser et relancer son exploitation dans la parfumerie. Au final, quatre fleurs auront un avenir de parfum.

Trois histoires, trois univers olfactifs

Mélilot, Noble Epine et Barbotine, c’est le nom des trois premiers parfums de la collection, créés à partir de trois fleurs, le mélilot, l’aubépine et la tanaisie. Une quatrième fragrance est attendue pour 2024. Pour créer ces parfums, dont les flacons, inspirés de la porte provençale, nous invitent à entrer dans des univers singuliers, L’Occitane a fait appel à trois parfumeurs de grandes maisons. Là encore, la démarche s’est avérée originale. « C’était nouveau, nous imposions une fleur, qui jusqu’alors n’était pas présente dans leur palette. Mais l’approche les a séduits, ils ont rejoint l’aventure avec nous », raconte Virginie Albelda, responsable Laboratoire Parfum chez L’Occitane en Provence.

L’Occitane s’est ainsi assurée que la création des parfums valorise un ingrédient, un mode d’extraction, une filière et un territoire. La passion, l’exigence et l’innovation réunissent les nombreux participants de cette aventure olfactive. Le CNRS, l’Université Côte d’Azur, le Musée International de la Parfumerie, des producteurs de Provence, des parfumeurs et les équipes de L’Occitane en Provence ont restauré des trésors du passé et leur offrent aujourd’hui un avenir.