Évolution des périmètres des sections du Comité national de la recherche scientifique
Début septembre 2025, le mandat des sections du Comité national de la recherche scientifique arrive à échéance. La direction générale a, depuis un an, anticipé cette échéance en menant une réflexion avec les directions des instituts et le conseil scientifique du CNRS pour faire évoluer le contour des domaines d'activité des sections. Alain Schuhl, directeur général délégué à la science (DGDS), se réjouit de pouvoir saisir ce moment « pour redéfinir les périmètres des sections, leur intitulé et leurs spécialités, compte tenu des nouveaux développements de la recherche scientifique et de son impact international » : c’est un moment important pour notre organisme. Le DGDS nous explique les évolutions et le déroulement des opérations.
Sur quoi portent les grandes évolutions ?
Alain Schuhl : Nous créons deux sections supplémentaires, cela va aussi entraîner la modification des périmètres d’une poignée d’autres sections. Par ailleurs, l’intitulé de huit sections va être modifié. Et, finalement, la renumérotation de toutes les sections va changer. Ainsi, à partir de septembre 2025, le Comité national de la recherche scientifique comprendra 43 sections dont les intitulés et les mots-clés provisoires sont indiqués dans le tableau ci-joint.
Plus précisément, quelles seront les nouvelles sections et pourquoi les faire évoluer ?
Alain Schuhl : Une première nouvelle section dédiée à la physique de la matière complexe et du vivant verra le jour.
Jusqu'à présent, les sections « Matière condensée : organisation et dynamique », « Matière molle : synthèse, structure, propriétés » et la commission interdisciplinaire (CID) « Phénomènes fondamentaux et propriétés collectives du vivant : développements instrumentaux, expériences et modèles physiques » ont permis de recruter de nombreux jeunes chercheurs et chercheuses sur ces thématiques. Bien que cette dispersion ait initialement favorisé la diversité, elle devient aujourd’hui contre-productive, alors que ces disciplines sont désormais bien établies, avec des équipes solides et pluridisciplinaires. Cette nouvelle section s’intitulera « Physique de la matière complexe et du vivant ». En englobant environ la moitié de l’actuelle section « Matière condensée : organisation et dynamique », la majorité des physiciennes et physiciens de l’actuelle section « Matière molle : synthèse, structure, propriétés », ainsi qu'une partie importante de la CID « Phénomènes du vivant : développements instrumentaux, expériences et modèles physiques », cette nouvelle section sera en phase avec les évolutions majeures des deux dernières décennies durant lesquelles des physiciennes et physiciens se sont massivement tournés vers ces thématiques et avec un grand succès au niveau international.
Alain Schuhl : Le domaine des matériaux joue un rôle clé dans de nombreux domaines de la physique, allant de la physique atomique et optique à la mécanique, la matière condensée, et les technologies quantiques. À la croisée de la chimie pour leur synthèse, ils créent des liens avec l'ingénierie, les sciences du vivant, l'astrophysique, et les sciences de la Terre dans une époque qui a besoin de nouveaux matériaux.
Le besoin de renforcer la recherche sur l'élaboration et la caractérisation des matériaux par des méthodes physiques et de maîtriser leurs propriétés à un niveau d'excellence est ressorti avec force lors de la prospective menée par l'institut CNRS Physique ces deux dernières années. Pour y répondre, la communauté de la physique des matériaux, aujourd'hui dispersée dans plusieurs sections du CoNRS, doit se rassembler. La nouvelle section « Physique des matériaux : structure et dynamique » regroupera une moitié de l’actuelle section « Matière condensée : organisation et dynamique », des spécialistes de la physique des matériaux actuellement dans l’actuelle section « Matière condensée : structures et propriétés électroniques » ou dans « Physique des atomes, molécules et plasmas. Optique et lasers », ainsi que des experts en matériaux isolés aux interfaces de la physique. Avec entre 200 et 250 chercheurs et chercheuses, cette nouvelle section formera une communauté solide capable de relever les défis actuels de la physique des matériaux et complémentaire de la section « Chimie des matériaux, nanomatériaux et procédés ».
Par ailleurs, les titres de deux autres sections de physique ont été retouchés pour tenir compte des derniers développements des thématiques qu’elles recouvrent ainsi que de petites redéfinitions de leurs périmètres. La section « Théories physiques : méthodes, modèles et applications » deviendra « Physique théorique : méthodes, modèles et applications » et la section « Matière condensée : structures et propriétés électroniques » « Physique de la matière condensée : propriétés électroniques et quantiques ». Par souci de cohérence, nous changeons également l’intitulé de
Alain Schuhl : L’actuelle section « Philosophie, littératures, arts » recouvre des activités, des démarches et des méthodes de recherche extrêmement diversifiées sur ces corpus : il s’agit de les éditer, les traduire, les commenter, mais aussi d’élaborer des théories, d’aborder les pratiques artistiques associées à des œuvres ou de développer des démarches philosophiques analytiques (indépendamment de traditions textuelles, sur un mode strictement conceptuel), etc. La difficulté à s’accorder sur les critères d’appréciation et d’évaluation des dossiers et de candidatures est repérée de longue date. Elle se traduit parfois par des propositions de liste d’admissibilité au concours de recrutement des chercheurs et chercheuses (quel que soit le nombre de postes offerts au concours) attestant de difficultés à faire coexister des domaines finalement différents au sein de cette section et des tensions en sein de la section.
Pour dépasser cette difficulté, nous proposons de créer une section « Philosophie, épistémologie, histoire des sciences » et une autre dédiée aux domaines suivants : « Littérature, arts, esthétique, création ». Cela donnera une visibilité plus forte à chacun des deux domaines :
celui de l’épistémologie des sciences, depuis les méthodes d’histoire des idées, histoire des sciences, histoire de la pensée à la philosophie analytique et à la philosophie cognitive, et plus largement de la philosophie, dans toutes ses orientations thématiques avec le souhait de créer une section centrée sur la philosophie, l’épistémologie, l’histoire des sciences, l’histoire des idées ;
celui consacré à la littérature en premier lieu, mais plus largement aux arts, aux enjeux esthétiques et aux processus de la création. Cette section pourrait à terme accueillir largement les approches dédiées aux arts, y compris l’histoire de l’art, qui demeurera dans la prochaine mandature dans les sections consacrées à l’histoire ancienne et médiévale et à l’histoire moderne et contemporaine. Dès la prochaine mandature, cette nouvelle section pourrait aussi accueillir des opérations interdisciplinaires sur l’interface arts/sciences (arts et outils numériques, arts et IA générative, etc.).
Notons enfin qu’une telle proposition permet à la philologie d’exprimer toutes ces facettes : dans les sections d’histoire, en lien avec la philosophie et enfin, sous l’angle des approches dites « nouvelles philologies », dans la section « Littérature, arts, esthétique, création ».
Alain Schuhl : L’actuelle section « Système solaire et univers lointain » s’intitulera « Astrophysique ». Ce changement permettra de mieux affirmer le continuum d’objets ciblés par les activités de recherche allant des structures de l’Univers à ses premiers instants aux petits corps du Système solaire ayant inséminé notre Terre, sans occulter les autres objets emblématiques que sont les planètes, les étoiles, les galaxies, les stades ultimes des étoiles et galaxies et le milieu dit interstellaire qui les relie. La mise en commun de paradigmes et méthodologies définissent une communauté « Astrophysique », qui peut ainsi se retrouver pleinement dans les missions de la section.
Alain Schuhl : Par ailleurs, les intitulés des deux sections concernées par les activités de CNRS Informatique vont légèrement changer. Les sciences de l’information deviennent les sciences informatiques.
Enfin, en ce qui concerne la nouvelle numérotation des sections, nous avons conservé le principe d’une continuité dans la numérotation des sections étant concernées par les activités d’un même institut. Cela aboutira de facto à changer la numérotation de la grande majorité des sections. Afin de mobiliser tous les personnels concernés, il nous est apparu préférable de changer la numérotation de l’intégralité des sections.
Le projet de modification de l'arrêté du 2 décembre 2011, qui fixe actuellement le nombre et la spécialité des sections, a reçu l’aval du Conseil scientifique le 21 octobre 2024 et celui du Conseil d’administration du CNRS le 25 octobre 2024.
Quelles sont les prochaines étapes ?
Alain Schuhl : Tous les personnels des unités affiliées au CNRS seront appelés à choisir une section de vote. Ils vont recevoir un mail leur indiquant la procédure à suivre. Cette opération qui vous prendra au maximum cinq minutes devra être effectuée avant le 8 décembre à midi heure de Paris. Elle est indispensable pour les chercheurs et les chercheuses du CNRS, car cela définira la section disciplinaire qui les évaluera et proposera éventuellement de les promouvoir à partir de la rentrée 2025. Les chercheurs et les chercheuses doivent profiter de cette occasion pour réfléchir à leur positionnement scientifique et donc à leur section de rattachement, notamment si leurs thématiques de recherche ont évolué depuis leur recrutement. Cette opération est aussi nécessaire pour l’ensemble du personnel des laboratoires, personnels de recherche, de soutien ou de support, qu’ils soient membres du CNRS, des universités et des écoles ou des autres organismes afin que chacun et chacune puisse participer au processus électoral des membres d’une section qui correspond à son domaine de compétence. Elle est importante aussi pour le personnel de support et de soutien (ingénieurs et techniciens) car trois des membres élus de chaque section sont des ingénieurs et techniciens. Ainsi, pour chacun et chacune des électeurs potentiels, sélectionner une section de rattachement revient à définir la section de participation au processus électoral. Un agent pourra participer à l’élection des membres de cette section et uniquement de celle-là et à ce titre, au cas où il serait intéressé, il pourra candidater pour être membre du CoNRS, uniquement dans cette section. Il est donc essentiel que ce choix soit fait de manière avisée et anticipée.
Une fois les listes électorales établies début 2025, le processus électoral pourra être enclenché, avec d’abord un appel à candidatures, puis l’organisation du vote en juin 2025 qui déterminera pour chacune des 43 sections les 14 membres élus. À l’issue de ce scrutin, nous procéderons à l’identification des sept membres nommés.