Partenariat CNRS/OFB : cap sur la biodiversité

Institutionnel

Le CNRS et l’Office français de la biodiversité (OFB), chargé de la protection et la restauration de la biodiversité, ont signé lundi 9 septembre leur toute première convention-cadre, alors que débutait le colloque CNRS sur les suivis à long-terme en écologie et évolution.

Cela fait longtemps que la crise majeure à laquelle la biodiversité est confrontée ne fait plus débat dans la communauté scientifique. « La France est particulièrement concernée par cet effondrement de la biodiversité, avec 2600 espèces menacées. Elle se trouve aujourd’hui à un carrefour important, où les décisions politiques doivent s’appuyer sur les données fournies par les scientifiques », a rappelé le PDG du CNRS Antoine Petit, lors de la signature de la première convention cadre entre l’organisme de recherche et l’Office français de la biodiversité (OFB). Car si « les données sur la perte de biodiversité sont incontestables, le flou persiste encore sur les conséquences pour nos sociétés. » Dans un tel contexte, le renforcement des liens entre le CNRS, premier producteur de données sur la biodiversité en France, et l’OFB chargé de sa protection sur tout le territoire national, doit permettre de « répondre aux grands enjeux de société liés à la biodiversité », pour Antoine Petit.

« Quand on veut protéger la biodiversité, il faut d’abord la connaître, pour ensuite savoir quelles actions mener » a insisté le directeur général de l’OFB Olivier Thibault, tout en rappelant que la coopération entre les chercheurs du CNRS et les experts de l’OFB ne date pas d’aujourd’hui : 126 partenariats ont déjà été signés entre les deux organismes, dont les plus anciens remontent à plus d’un demi-siècle, comme le suivi démarré il y a soixante-dix ans des populations d’ongulés à la Petite-Pierre, une réserve de chasse et de faune sauvage gérée par l’OFB, ou celui du chevreuil au pôle de recherche de Chizé, dans les Deux-Sèvres.

Parmi les exemples de coopération plus récents, celui sur les loups est particulièrement emblématique de la complémentarité entre les deux organismes. « Sans les compétences en modélisation du CNRS, en collaboration avec nos agents sur le terrain, nous n’aurions pas aujourd’hui une aussi bonne vision de la répartition du millier individus aujourd’hui présents sur notre territoire, car le loup est une espèce discrète qui ne se laisse pas facilement observer », rappelle Olivier Thibault, qui évoque également la présence commune des deux partenaires au sein de deux unités d’appui à la recherche (UAR) : l’Observatoire Pelagis, qui rassemble les programmes d'observation et d'expertise sur la conservation des mammifères et oiseaux marins, et PatriNat, chargée de gérer les banques de données nationales de référence sur les espèces, les habitats et les espaces protégés. 

La signature de la convention-cadre CNRS/OFB coïncidait avec le lancement d’une semaine de colloque sur les suivis à long-terme en écologie et évolution. « Nous avons besoin d’études écologiques robustes et à long-terme », a insisté Antoine Petit, rappelant la nécessité pour de telles études de disposer de financements récurrents. C’est tout l’objet du programme SEE-Life lancé à l’automne 2023 par CNRS Ecologie & environnement : 2,5 millions d’euros vont être alloués sur une période de 5 ans à 64 programmes de suivis sur 10.000 sites à travers le monde. « Il s’agit de programmes multi-échelles, qui ne font pas seulement des suivis d’abondance, mais permettent d’éclairer les mécanismes de l’évolution » a précisé Stéphane Blanc, le directeur de CNRS Ecologie & Environnement. Avec un enjeu fort : partager les données récoltées le plus largement possible, dans une démarche de science ouverte.

Le 9 septembre Olivier Thibault, directeur général de l'OFB et Antoine Petit, président-directeur général du CNRS signait une convention liant les deux organismes. © CNRS