Le CNRS met à l’honneur ses nouveaux laboratoires communs

Innovation

Le 18 janvier dernier, le CNRS réunissait plusieurs porteurs de ses laboratoires communs avec les entreprises. L’occasion de mettre en avant cette forme de collaboration public-privé et son intérêt pour soutenir la compétitivité du tissu industriel français.

Dans sa stratégie globale, le CNRS mène une politique active afin que des découvertes fondamentales bénéficient au maximum à la société. Fort de sa capacité de recherche pluridisciplinaire au meilleur niveau mondial, le CNRS est notamment une ressource clé pour les entreprises dont les enjeux économiques nourrissent à leur tour la recherche. « Aujourd’hui on a besoin de la science et de la recherche. Le transfert de la science vers l’industrie, c’est important ! », a déclaré le président-directeur général du CNRS, Antoine Petit, à l’occasion d’un déjeuner mettant à l’honneur les laboratoires communs créés en 2022 entre le CNRS et des entreprises. Forme la plus aboutie de partenariat public-privé, le laboratoire commun joue un rôle fondamental en soutien à l’innovation et le transfert des sciences vers la société.

Les représentants académiques et industriels de dix-neuf laboratoires communs étaient réunis à Paris lors d’un événement organisé par le CNRS le 18 janvier dernier, ainsi que quelques entreprises intéressées par le dispositif. Ces dernières ont pu bénéficier des retours d’expérience de partenaires historiques du CNRS, dont Michelin, Thales et Naval Group. Ils ont également pu constater l’engouement des derniers à avoir franchi le cap, à l’image de Richard Bouveret, président de Blue Solutions qui a signé deux laboratoires communs fin 2022 : « ces collaborations réalisent un travail de très haute qualité qui permettra directement une industrialisation de produits pour nous différencier de notre concurrence ».

Le résultat d’une relation de confiance

Avec 225 laboratoires communs en activité en 2022 - et une nouvelle création tous les 15 jours en moyenne - le format du laboratoire commun proposé par le CNRS séduit les industriels de toute taille. La moitié des bénéficiaires de ce dispositif sont des PME et TPE et un tiers des laboratoires communs du CNRS sont menés en partenariat avec de grandes entreprises. À l’avenir, le CNRS compte bien pérenniser ces structures et en créer de nouvelles pour faire face aux nombreux défis environnementaux et sociétaux à relever. La durée allant jusqu’à 5 ans en fait un format particulièrement structurant. Le partage de gouvernance, de stratégie et de moyens joue un rôle déterminant au renforcement des liens entre les acteurs économique et académique.

« Un laboratoire commun, c’est le résultat d’une relation de confiance », l’a justement rappelé Antoine Petit. En conséquence, la plupart des collaborations existantes sont le fruit de longues années de collaboration. En témoigne Arnaud Bour, co-responsable du DAMIA Lab pour la PME Einden : « Après dix années de collaborations avec le XLIM1  basées sur des thèses Cifre, la création de notre labcom a été une consécration et je souhaite que ce projet commun de quatre ans perdure bien au-delà ». Créé au début de l’année 2022, ce laboratoire commun développe des solutions d’indexation et de recherche de médias pour de grandes bases de données d’images thématiques.

Un accélérateur d’innovation et un soutien au tissu industriel français

Le contexte de la transition énergétique a montré que le laboratoire commun peut aussi être une source d’opportunité à des domaines compétitifs ayant intérêt à accélérer les transferts d’avancées scientifiques vers l’industrie. En ce sens, certains n’ont pas hésité à adopter ce format dès leur première collaboration comme Michelin et l’Institut Charles Gerhardt Montpellier2 , réunis au sein de l’HydrogenLab. Ce dernier développe de nouveaux matériaux de pile à combustible et d’électrolyseur en soutien à la filière hydrogène.

« Michelin recherchait un partenaire académique pour l’aider à développer ses activités dans cette filière et lors de nos échanges nous avons pris conscience de l’adéquation entre notre expertise et leur problématique. Le laboratoire commun nous permet d’amorcer une collaboration ambitieuse sur plusieurs sujets en parallèle », décrit Deborah Jones, chimiste spécialiste des piles à combustible et co-responsable de l’HydrogenLab pour le CNRS.

Les laboratoires communs sont également pourvoyeurs d’emplois hautement qualifiés. Ils apportent ainsi l’opportunité aux laboratoires de recherche de conserver des talents et d’en attirer de nouveaux. L’HydrogenLab amorcera, par exemple, deux thèses et recrutera quatre post-doctorants au cours de l’année 2023. Neuf nouvelles recrues en CDI sont également prévues pour renforcer le laboratoire commun Li2  entre Blue Solutions et le LEPMI3  sur le développement de la première batterie Lithium métal de nouvelle génération.

Un format adapté à l’évolution des besoins des entreprises

Les différentes formes de laboratoires communs permettent aux collaborateurs d’adopter un schéma adapté à leurs besoins respectifs. « Après avoir testé différents types d’aides publiques proposées aux PME, nous constatons que le labcom ANR est le format qui nous convient le mieux et nous procure en plus de la sérénité. Il nous évite des avances de trésorerie et le partenaire académique apporte du sérieux à nos projets de R&D qui peuvent être autrement remis en question », précise Arnaud Bour. En attribuant l’enveloppe de financement directement au laboratoire de recherche, le Labcom ANR est également synonyme de confort pour le chercheur.

« Dans mon imaginaire, la chaire industrielle était un format plus désintéressé pour l’industriel, mais j’ai pris conscience qu’il pouvait aussi apporter de la propriété intellectuelle. Cela pourrait être une forme à envisager à l’avenir », a notamment remarqué Marc Deschamps, directeur du pôle électrochimie de Blue Solutions, suite aux présentations réalisées au cours du déjeuner.

Plus largement, les laboratoires communs peuvent réunir plusieurs unités de recherche et industriels au sein d’un même partenariat. Ils sont aussi un bon moyen d’aborder différentes thématiques en même temps lorsque l’entreprise et le laboratoire sont tous les deux pluridisciplinaires. Tout semble possible avec un labcom, à partir du moment où ceux qui se lancent dans cette aventure partagent une vision commune visant à faire avancer la science tout en levant des verrous technologiques. En ce sens, le CNRS ne manquera pas de multiplier à l’avenir les occasions de mettre en avant ce dispositif gagnant-gagnant.

 

  • 1CNRS/Université de Limoges.
  • 2CNRS/ ENSC Montpellier/Université de Montpellier.
  • 3Laboratoire d'électrochimie et de physicochimie des matériaux et des interfaces (Grenoble INP-UGA/CNRS/Université Savoie Mont Blanc).