Les mandrills aussi transmettent à leurs enfants les bonnes pratiques d’hygiène
Les humains ne sont pas les seuls à inculquer les pratiques d’hygiène à leurs enfants, les mandrills s’y attellent également. Chez ces primates, lorsque beaucoup d’individus sont infectés de parasites gastro-intestinaux contagieux, certaines femelles évitent systématiquement de toiletter la région péri-anale de leurs congénères, riche en parasites. Une stratégie « hygiénique » transmises à leurs filles, puisqu’il est possible de retrouver le même niveau d’hygiène chez elles, comme le montre l’étude de Marie Charpentier, chercheuse CNRS à l’Institut des sciences de l’évolution de Montpellier (CNRS/Université de Montpellier/IRD/EPHE), ainsi qu’au Max Planck Institute of Animal Behavior, et de Clémence Poirotte, chercheuse au German Primate Center, publiée le 8 février 2023 dans la revue Proceedings of the Royal Society of London B. Pour ce faire, les deux scientifiques ont étudié un grand groupe social de mandrills (Mandrillus sphinx) vivant dans une réserve naturelle au Sud du Gabon. Elles ont ainsi collecté et analysé les données comportementales et parasitaires récoltées pendant six ans sur 297 de ces singes, dont 102 femelles pratiquant le toilettage de leurs semblables. Cet héritage social s’avère payant puisque les femelles qui évitent de toiletter la région infectée sont moins parasitées que les autres. Pour ces animaux sociaux, l’exposition aux parasites est particulièrement importante et a donc favorisé l'évolution d'adaptations comportementales, parfois très élaborées. Cette étude suggère que la transmission sociale de l'hygiène dans un groupe de primates permet une résistance aux pathogènes, avec des conséquences potentielles sur la dynamique des maladies infectieuses.
Mother-to-daughter transmission of hygienic anti-parasite behaviour in mandrills, Clémence Poirotte & Marie J. E. Charpentier. Proceedings of the Royal Society of London B, 8 février 2023. DOI : 10.1098/rspb.2022.2349