Plan de transition du CNRS – Sensibiliser, former et valoriser
La sensibilisation, la formation et la valorisation des personnels et structures engagés sont primordiales à la bonne réussite du plan de transition du CNRS annoncé en novembre 2022.
Les enjeux : Le plan de transition du CNRS comporte quatre axes thématiques : les achats, le numérique, la mobilité et l’énergie. Mais toutes les actions lancées dans ces domaines ne pourront aboutir sans l’implication des personnels du CNRS, que ce soit pour acheter mieux et moins, suivre les bonnes pratiques numériques ou encore limiter l’usage de l’avion en mission, mais aussi pour imaginer et proposer de nouvelles manières de travailler avec un impact environnemental moindre. La sensibilisation et la formation des agents aux enjeux du développement durable constituent donc des axes forts du plan d'action du CNRS en la matière. Reconnaître et valoriser l’investissement des laboratoires déjà engagés est également clé pour engager le CNRS vers une trajectoire bas carbone.
Les pistes de solution : Pour mieux diffuser l’information et sensibiliser ses agents aux enjeux du développement durable, le CNRS a mis en place un réseau de référents « développement durable » au sein des directions fonctionnelles, délégations régionales, instituts et laboratoires, autour de la référente nationale Blandine De Geyer. Ces référents doivent accompagner la démarche de transition bas carbone des structures.
L’organisme a aussi été lauréat de l’appel à défi « innovation écoresponsable » lancé par le Commissariat général au développement durable et la Direction interministérielle de la transformation publique, pour un projet commun avec l’Institut de recherche pour le développement (IRD) intitutlé « Décarbonons ! Une trajectoire bas carbone pour l’Enseignement supérieur et la recherche » . Avec un budget de 42 000 euros sur 6 mois, les deux organismes vont mettre en place, pour les laboratoires, des outils « clés en main » de sensibilisation et de mobilisation des agents : fresques du climat, ateliers collaboratifs Ma terre en 180’, etc. En s’appuyant sur des dispositifs d’intelligence collective, ces outils ont pour objectif d’ouvrir des espaces de dialogue au sein des unités pour identifier des solutions adaptées de réduction de leur empreinte environnementale, tout en s’inscrivant dans le cadre de la démarche nationale du CNRS. Un vivier d’animateurs de ces ateliers collaboratifs sera constitué.
Deux sessions de formation à l’animation de ma terre en 180 minutes sont organisées à Paris et à Marseille en février et ouvertes aux référents développement durable et aux agents de l’ESR impliqués dans la réduction de l’empreinte environnementale. Des ateliers fresques du climat seront également déployés à Toulouse, Marseille, Montpellier, Nice et Paris.
En février, le CNRS lance aussi son premier appel à projets CNRS Bas Carbone, à destination des structures dont le CNRS est tutelle principale et des délégations régionales, avec un budget global de 200 000 euros. L’objectif : permettre à ces structures de s‘engager dans une démarche concrète de réduction de leur impact environnemental ou de renforcer des actions déjà engagées. Associant tous les personnels de manière participative, les projets doivent être centrés sur un ou plusieurs axes thématiques ou transverses1 1 du plan de transition du CNRS – par exemple, des abris vélo, des régulateurs de flux d’air, des bornes pour les voitures électriques, des dispositifs de recyclage… – et être cofinancés.
Deux autres rendez-vous : le 28 février à 13h30, un premier webinaire destiné spécifiquement aux directeurs et directrices d’unités et à leurs référents Développement durable : « Bilan gaz à effet de serre et le plan de transition CNRS : quel rôle pour les directeurs d’unités ? » accessible en ligne ; le 7 avril, une journée Développement durable à l’auditorium Marie-Curie à la délégation Paris-Michel-Ange du CNRS et en ligne.
« On n’est pas référent de la même manière dans tous les laboratoires »
Virginie Blanc Schwander est référente « développement durable » de la délégation régionale Provence et Corse du CNRS, l’une des 18 délégations régionales du CNRS.
Quelles sont vos missions ?
Virginie Blanc Schwander : Les missions d’un référent ou une référente « développement durable » sont extrêmement variées. On n’est pas référent de la même manière dans une délégation, un institut ou un laboratoire, ni même dans tous les laboratoires : chacun peut créer sa propre lettre de mission en fonction de la réalité de son environnement et des personnes avec lesquels il travaille. Le cœur du rôle est d’accompagner les structures du CNRS dans la réalisation d’un bilan de gaz à effet de serre (BGES) et le déploiement d’un plan d’action efficace et adapté à chaque écosystème, en cohérence avec le plan de transition national du CNRS. L’objectif : rendre les pratiques de recherche compatibles avec le développement durable.
Au niveau de la délégation, nous avons choisi de travailler de manière prioritaire sur la mobilité et surtout la sensibilisation des personnels et l'appropriation des enjeux. J’anime par exemple un réseau de référents pour coordonner les différents acteurs. Au début, je pensais qu’il ne serait pas nécessaire de sensibiliser des personnels du monde de la recherche au développement durable mais c’est en fait une partie essentielle de mon travail : tout le monde n’a pas le même niveau d’information sur le sujet. Nous organisons donc des fresques du climat, des fresques spécifiques sur le sujet du numérique ou encore des ateliers collaboratifs « Ma Terre en 180 minutes ». Nous sommes aussi en train de créer un modèle de charte pour les laboratoires, car nous avons remarqué que ceux qui en signent sont plus impliqués et prennent des décisions plus ambitieuses.
Il faut aussi préciser qu’aucun référent « développement durable » ne consacre 100 % de son temps de travail à ces missions. Je suis moi-même chargée d'affaires au sein du Service Partenariat et valorisation (SPV) de la délégation Provence et Corse et 20 % de mon temps est dédié à mes missions de référente, soutenues par notre déléguée régionale.
Qu’est-ce qui vous a poussé à vous investir dans ce rôle ?
V. B. S. : Comme pour tous mes collègues, je pense, mon engagement vient d’abord d’un intérêt personnel pour le sujet. J’ai travaillé au Centre Norbert Elias2
, laboratoire dans lequel de nombreux scientifiques sont impliqués dans le Groupement de recherche Labos 1point5, ce qui m’a fortement sensibilisée à ces enjeux. J’ai donc rejoint leur groupe de réflexion. J’ai ensuite rejoint le SPV et, quand un appel à candidature a été lancé en juillet 2021 pour prendre ce rôle de référent « développement durable », je n’ai donc pas hésité. C’est très enrichissant au quotidien. Me former sur le fond du sujet – comment faire un BGES ?, comment calculer les performances énergétiques d’un bâtiment ?, etc. – m’a permis de me sentir légitime sur les aspects techniques. Cela a donné une autre ampleur à mon investissement dans Labos 1point5, dont les riches ressources m’aident énormément pour répondre à des questions concrètes mais aussi prendre du recul pour me nourrir de la recherche. Je ne veux pas rester dans les petites actions, comme le tri des déchets et les abris pour vélos, même si elles sont d’excellents premiers pas.
Pourquoi est-ce important de travailler en réseau sur ce sujet du développement durable ?
V. B. S. : Travailler en réseau est la clé pour cette mission. Il est indispensable de s’appuyer sur l’intelligence collective pour faire émerger les meilleures idées. Le réseau national des référents et référentes « développement durable », animé par la Mission d’appui au pilotage et relations entre délégations régionales et instituts (MPR) du CNRS, permet des moments d’échanges et des retours d’expérience qui sont incontournables pour aller plus loin.
Au sein de la délégation, je pilote aussi une démarche d’amélioration continue, afin que tous les services participent à la déclinaison du plan de transition national sur le territoire, de manière collégiale et collaborative. Sans ce groupe de personnes motivées, je ferais moins d’actions qui seraient aussi moins légitimes. Les mesures sont en effet plus facilement acceptées par tous si la décision est prise en commun. Il est donc très important que tout le monde se sente impliqué.
Nous avons par exemple effectué un important travail de structuration en recensant tous les référents « développement durable » de toutes les structures du campus. Nous travaillons avec Aix-Marseille Université sur l’organisation de ce réseau local, ce qui facilitera les actions de sensibilisation pour tous les personnels par la suite. Notre premier objectif est que tous les laboratoires puissent faire, avec notre aide, leur BGES sur les données 2022 d’ici le milieu de l’année. C’est ambitieux mais c’est la première étape pour sensibiliser les personnels aux enjeux spécifiques à leur unité, qui leur parlent et les touchent personnellement.
- 2CNRS/Aix-Marseille Université/Avignon Université/EHESS.