20 ans d’engagement pour l’égalité professionnelle au CNRS
La Mission pour la place des femmes du CNRS fête ses 20 ans lors d’un événement le 11 janvier 2022. Si la parité a progressé sur cette période, le nouveau plan d’action pour l’égalité 2021-2023 constitue une nouvelle étape de cet engagement et entend aller plus loin.
En 2020, sur 33 000 personnels, le CNRS comptait 43,1 % de femmes. S’il n’a pas encore atteint la parité, l’organisme de recherche multiplie les initiatives pour la promouvoir depuis vingt ans. « J’attache personnellement une grande importance au traitement de la parité et à l'égalité entre femmes et hommes », revendique Antoine Petit, son président-directeur général : « Le CNRS a été précurseur sur ce sujet, et ces vingt dernières années ont vu une évolution dans la conception même des politiques d’égalité. Nous avons besoin de toutes les compétences et de toutes les forces et, au-delà des déclarations d’intentions, nous voulons agir en faveur de la parité à tous les moments de la carrière et assurer un vrai suivi. C’est aujourd’hui l’affaire de toutes et tous. »
Le CNRS peut mettre en avant une amélioration sur les dernières décennies, et en particulier les dernières années, au niveau des statistiques de parité (voir encadré), se félicite Elisabeth Kohler, directrice de la Mission pour la place des femmes du CNRS (MPDF).
Celle-ci est née il y a 20 ans, en 2001, faisant du CNRS le premier organisme de recherche français à créer une structure dédiée à l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes. Puis, en mars 2014, le CNRS prend à nouveau les devants en mettant en place un plan d’action institutionnel pour la parité femmes-hommes, un dispositif devenu obligation légale dans le cadre de la loi de transformation de la fonction publique de 2019. « La politique volontariste d’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes du CNRS est fortement soutenue au plus haut niveau », assure Élisabeth Kohler.
En témoignent aussi les actions sur cette thématique comprises dans le label européen « HR Excellence in Research » obtenu dès 2017 par l’organisme pour sa démarche d’amélioration continue du recrutement et de la gestion des carrières, qui s’inscrit dans le cadre de la Stratégie des ressources humaines pour la recherche (HRS4R) de la Commission européenne, ainsi que la mention explicite de la parité femmes-hommes comme objectif dans le Contrat d’objectifs et de performance signé avec l’État.
Un enjeu à tous les niveaux
Les dernières années ont aussi vu grandir le nombre d’acteurs et actrices œuvrant pour l’égalité, du comité parité-égalité (créé en 2018 et composé de représentants des 10 instituts) aux correspondants et correspondantes égalité dans les 18 délégations régionales et jusque dans des unités avec des référents et référentes parité. Il y a également des référents parité désignés dans les instances de recrutement et de promotion des chercheurs et chercheuses. « Agir en faveur de la parité à tout moment de la carrière est un enjeu dont doivent s'emparer tous les instituts et toutes les directions du CNRS, chacun agissant en fonction des spécificités de son domaine d'action. », précisent Martina Knoop et Emmanuel Royer, co-présidents du Comité parité-égalité.
Nouvelle étape de l’engagement du CNRS, le plan d’action pour l’égalité 2021-2023 a pour ambition de « créer une véritable émulation et un vrai suivi ». Il vise à approfondir et élargir le champ des actions, afin que tous les agents s’approprient cette culture de l’égalité. Ce plan s’organise en conformité avec la loi de transformation de la fonction publique, selon plusieurs axes, des écarts de rémunération à la lutte contre les violences sexuelles et sexistes, le harcèlement et les discriminations, en passant par l’égal accès aux corps, grades et emplois, ou encore l’articulation entre vies professionnelle, personnelle et familiale.
Il propose ainsi un ensemble vaste d’actions, à tous les niveaux, et d’outils de diagnostics, de prévention, de sensibilisation et de suivi. Ces actions prennent en compte les causes multifactorielles des inégalités et se renforcent les unes les autres pour produire des effets à court, moyen et long terme. Il s’agit, par exemple, de développer davantage le réseau de correspondantes et correspondants égalité dans les laboratoires, de diagnostiquer et préconiser des mesures pour réduire les écarts de rémunération liés aux progressions de carrière ou aux primes, ou de réactualiser les chartes du temps dans le règlement intérieur de tous les laboratoires afin de permettre une organisation du travail favorable à l’égalité professionnelle. Pour prendre en compte toutes les catégories de personnels sur toute la durée des carrières, certaines actions sont étendues aux personnels non-titulaires, comme faciliter la prolongation de contrat des CDD ayant disposé d'un congé maternité. Évaluées annuellement, ces initiatives sont susceptibles d’évoluer pendant toute la durée du plan, afin d’en accroître l’efficacité.
Deux événements pour mettre en avant la thématique
Ce plan et le « maillage efficace » interne au CNRS qui permet son application seront mis à l’honneur à l’événement du 11 janvier 2022 qui célèbre les 20 ans de la MPDF et se déroulera en format hybride. Les acteurs de l’égalité au CNRS viendront ainsi y présenter leurs actions et programmes. La MPDF y a également convié ses partenaires au niveau national comme l’Association Femmes & Sciences ou la Fondation L’Oréal, et au niveau international comme le CNRS-Liban.
Car l’égalité professionnelle se défend aussi bien au CNRS qu’en France, en Europe et dans le monde. En Union européenne, de nombreux établissements d’enseignement supérieur et de recherche (ESR), ont mis en œuvre, avec succès, des politiques institutionnelles d’égalité professionnelle similaire à celle proposée par le CNRS. À partir de 2022, l’existence d’un plan d’action pour l’égalité dans l’organisme d’affiliation devient d’ailleurs obligatoire pour répondre à des appels du programme-cadre Horizon Europe. Tous ces appels demandent aussi de prendre en compte la dimension de sexe et/ou de genre dans la recherche1 , l’équilibre femmes-hommes des équipes pouvant servir de critère pour départager les dossiers ex aequo en excellence. « Le fait que ces politiques soient portées à tous les niveaux en Europe, et non uniquement à l’échelle des organismes de recherche, est un levier très important », assure Elisabeth Kohler.
La place des femmes en recherche devient alors aujourd’hui un enjeu de la coopération internationale. C’est ce que montrera un second événement organisé par le CNRS dans le cadre de la présidence française du Conseil de l’Union européenne, le 10 février 2022. Avec des représentantes et représentants de l’ESR européen, de la Commission européenne et d’organismes de pays tiers, seront abordés les leviers, freins et initiatives existantes pour promouvoir l’égalité dans les actions, programmes et accords bi- ou multilatéraux avec des pays tiers, et de nouvelles perspectives pourront être proposées.
- 1Sauf mention spécifique sur certains appels théoriques.
Parité au CNRS : quelques chiffres
En 2020, le CNRS comptait en moyenne 43,1 % de femmes. La parité est presque atteinte pour la catégorie des ingénieurs et techniciens (IT) avec 50,2 % de personnel féminin en 2020 contre 52,2 % en 2000. Le plafond de verre diminue également avec des proportions de directrices de recherche et d’ingénieures de recherche qui progressent, ces dernières passant de 27,7 % en 2000 à 32,4 % en 2020. De plus, l’écart de salaire a diminué entre 2018 et 2019 dans des proportions inédites, et les médailles remises par l’organisme montrent une attribution équilibrée.
L’organisme – pour qui l’égalité est « une priorité » – est dès lors « sur la bonne voie », même s’il « reste des marges de progression », admet Élisabeth Kohler. Si 34,4 % des chercheurs sont des chercheuses, celles-ci ne représentent encore en 2020 que 30,6 % des directeurs de recherche (DR) – soit quand même dix points de plus qu’en 2000 – et 25,1 % des directeurs de recherche de classe exceptionnelle, le plus haut grade obtenu par promotions successives. Et seules 24,3 % des unités sont dirigées par des femmes en 2020. La variabilité est également forte selon les domaines scientifiques, la part des chercheuses allant de 19 % en mathématiques à 43 % en sciences biologiques et 49 % en SHS. « Les tendances des deux dernières décennies sont très positives, mais de plus en plus de femmes vont atteindre l’âge de la retraite, ce qui rendra plus difficile le maintien de la dynamique d’amélioration », précise Mathieu Arbogast, chargé de projets à la MPDF.