Au nord de l’Arabie, les sculptures monumentales du Camel Site remonteraient à l’époque préhistorique

Archéologie

Site rupestre exceptionnel du nord de l’Arabie, le Camel Site est constitué de trois promontoires rocheux dans lesquels ont été sculptés en relief une douzaine de dromadaires et d’ânes en taille réelle. L’équipe franco-saoudienne qui l’a découvert1 a dans un premier temps estimé que le Camel Site datait de l’Antiquité, par analogie avec des représentations comparables du site nabatéen de Pétra, en Jordanie. Mais des études complémentaires, dirigées depuis par un trio d’archéologues du CNRS, de l’Institut Max Planck (Allemagne) et de l’Université du Roi Saoud (Arabie saoudite)2 , font désormais remonter ces sculptures à l’époque préhistorique. Un large éventail de compétences et de méthodes de datation directe et indirecte a été mobilisé, allant, entre autres, de l'analyse des traces d’outils à celle de l’érosion de la roche, en passant par la datation par luminescence de la chute d’un bloc sculpté. Un sondage ouvert entre deux rochers a aussi révélé un assemblage d’ossements animaux datés par radiocarbone et de silex taillés, témoins de l’occupation du site. Toutes ces données convergent vers une réalisation des sculptures à l’aide d’outils en pierre, au plus tard au cours du vie millénaire av. J.-C. Le site, qui devait avoir une dimension symbolique, a connu une grande longévité puisque les reliefs ont été retravaillés lorsque l'érosion a commencé à en estomper les détails. Et, si l’on ne connaît pas la date de son abandon, l’équipe a pu déterminer une accélération de l’érosion du site vers 1000 ans av. J.-C. D’après ces nouvelles données, publiées dans Journal of Archaeological Science: Reports, le Camel Site abrite probablement les plus anciens reliefs animaliers en taille réelle au monde.

un chercheur sur l'un des promontoires rocheux : un dromadaire est gravé dans la paroi verticale. On distingue ses pattes et son tronc mais la tête a été abimée par l'érosion.
Un archéologue étudie l’un des dromadaires sculptés en taille réelle sur une paroi en grès du Camel Site.
© Hubert RAGUET / Mission archéologique franco-saoudienne du Camel Site / CNRS Photothèque
scientifiques travaillant sur le terrain, de nuit
Prélèvement d'un échantillon de sédiment sous un bloc sculpté tombé au sol par Rémy Crassard (à gauche) et Guillaume Charloux. La technique de luminescence stimulée optiquement permet de dater approximativement le moment où le bloc est tombé.
© Hubert RAGUET / Mission archéologique franco-saoudienne du Camel Site / CNRS Photothèque

 

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Pour aller plus loin, consulter aussi ce diaporama.

 

  • 1Lire <a href="https://www.cnrs.fr/fr/art-rupestre-des-sculptures-de-dromadaires-en-taille-reelle-decouvertes-en-arabie-saoudite">ce communiqué de presse</a> et <a href="https://lejournal.cnrs.fr/articles/en-arabie-le-mystere-des-chameaux-sculptes">cet article de CNRS le Journal</a> de février 2018.
  • 2Mission conjointe du CNRS et de la commission du patrimoine du ministère de la Culture saoudien (Saudi MoC). Les scientifiques français sont issus des laboratoires Orient et Méditerranée (CNRS/Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne/Sorbonne Université/Collège de France/EPHE), Archéorient (CNRS/Université Lumière Lyon 2) et du service Archéovision (CNRS/Université de Bordeaux/Université Bordeaux Montaigne). Outre les acteurs institutionnels mentionnés, le projet a été financé par le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, la fondation Gerda Henkel, le Labex Resmed, le Centre francais de recherche de la péninsule arabique (CNRS/MEAE) et la Dahlem Research School de l’Université libre de Berlin.
Bibliographie

Life-sized Neolithic camel sculptures in Arabia: A scientific assessment of the craftsmanship and age of the Camel Site reliefs, Maria Guagnin, Guillaume Charloux, Abdullah M. AlSharekh, Remy Crassard, Yamandu H. Hilbert, Meinrat Andreae, Abdullah AlAmri, Frank Preusser, Fulbert Dubois, Franck Burgos, Pascal Flohr, Pascal Mora, Ahmad AlQaeed, Yasser AlAli. Journal of Archaeological Science: Reports, 15 septembre 2021. https://doi.org/10.1016/j.jasrep.2021.103165

Contact

Guillaume Charloux
Chercheur CNRS
Véronique Etienne
Attachée de presse CNRS