Mars : l’eau pourrait disparaître plus vite que prévu
La petite planète rouge se vide encore plus rapidement de son eau que ce que la théorie et les observations passées laissaient penser. La disparition progressive de l'eau (H2O) se déroule dans la très haute atmosphère de Mars : le rayonnement solaire et la chimie dissocient les molécules d’eau en atomes d'hydrogène et d’oxygène que la faible gravité martienne ne peut empêcher de s’échapper dans l’espace. Mais une équipe de recherche internationale1 dirigée en partie par Franck Montmessin, chercheur du CNRS, vient de mettre en évidence que la vapeur d’eau s’accumulait en grande quantité, dans des proportions inattendues, à plus de 80 km d’altitude dans l’atmosphère martienne. Les mesures ont révélé que de grandes poches atmosphériques sont même en état de sursaturation extrême : l’atmosphère contient alors de 10 à 100 fois plus de vapeur d’eau que sa température ne lui permet en théorie. Avec les taux de sursaturation constatés, la capacité de l’eau à s’échapper serait plus que décuplée à certaines saisons. Ces résultats, publiés dans Science le 9 janvier 2020, ont été obtenus grâce à la sonde Trace Gas Orbiter de la mission ExoMars, financée par l'Agence spatiale européenne et l'agence spatiale russe Roscosmos.
- 1En France, ces recherches ont impliqué des scientifiques du Laboratoire « atmosphères, milieux, observations spatiales » (CNRS/Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines/Sorbonne Université) et du Laboratoire de météorologie dynamique (CNRS/École polytechnique/ENS Paris/Sorbonne Université).
Stormy water on Mars: the distribution and saturation of atmospheric water during the dusty season. Fedorova et al. Science, le 9 janvier 2020. DOI : 10.1126/science.aay9522