Ces fossiles étranges sont cousins des oursins
Ces animaux de quelques centimètres prospéraient dans les océans il y a environ 500 millions d’années. Mais en raison de leur morphologie atypique, les scientifiques ont longtemps eu du mal à replacer les stylophores dans l’arbre du vivant. Leur appendice est-il l’équivalent d’une queue ? Ils seraient alors des ancêtres des vertébrés. Mais leur squelette, constitué de multiples plaques, évoque plutôt celui des échinodermes (oursins, étoiles de mer), bien qu’il soit dépourvu de leur symétrie caractéristique1 . Une équipe dirigée par Bertrand Lefebvre, chercheur CNRS au Laboratoire de géologie de Lyon, a pu clore ce débat vieux de 150 ans grâce aux fossiles exceptionnels du gisement de Bou Izargane (Maroc). Fait rare : leurs parties molles ont été préservées sous forme de pyrite, un minéral à base de fer. En cartographiant le fer, les chercheurs ont mis en évidence la structure fine de l’appendice… comparable à celle d’un bras d’étoile de mer. Ces organismes n’avaient donc ni queue, ni tête, mais un bras nourricier !
Outre le Laboratoire de géologie de Lyon – Terre, planètes, environnement (CNRS/Université Claude Bernard Lyon 1/ENS de Lyon), ces recherches ont impliqué le laboratoire Biogéosciences (CNRS/Université de Bourgogne/EPHE), le laboratoire Géosciences environnement Toulouse (CNRS/Université Toulouse III – Paul Sabatier/IRD/Cnes), le Museum national d’Histoire naturelle, ainsi que l’IRC (Chicago), l’Académie californienne des sciences (San Francisco) et l’université Cadi-Ayyad (Marrakech).
- 1symétrie radiaire d’ordre 5 (le corps peut être divisé en cinq unités identiques, à l’image des bras d’une étoile de mer)
Exceptionally preserved soft parts in fossils from the Lower Ordovician of Morocco clarify stylophoran affinities within basal deuterostomes, Bertrand Lefebvre, Thomas E. Guensburg, Emmanuel L.O. Martin, Rich Mooi, Elise Nardin, Martina Nohejlova, Farid Saleh, Khaoula Kouraïss, Khadija El Hariri, Bruno David. Geobios, février 2019 (vol. 52, fasc. 1). https://doi.org/10.1016/j.geobios.2018.11.001